Fermeture des espaces aériens au Boeing 737 : une décision "tardive" et "inévitable", selon un expert
Pour Boeing, "les semaines à venir vont être absolument cruciales", a estimé mardi sur franceinfo l'expert en aéronautique Bertrand Vilmer.
La France, comme d'autres pays européens, a décidé mardi 12 mars de fermer son espace aérien au Boeing 737 MAX, après le crash dimanche d'un appareil de ce modèle, de la compagnie Ethiopian Airlines. L'accident a fait 157 morts dont neuf Français. Mais cette décision est "tardive" et "inévitable", a estimé sur franceinfo Bertrand Vilmer, expert en aéronautique. Le PDG du cabinet Icare aéronautique a estimé qu'il y avait "un effet contagieux, qui fait que les compagnies qui ne prennent pas cette décision sont considérées comme irresponsables".
franceinfo : Cette décision de fermer l’espace aérien vous surprend-elle ?
Bertrand Vilmer : Elle est tardive et elle était inévitable. À partir du moment où certains pays commencent à fermer leur espace aérien à cet appareil, puis certaines compagnies, puis certains pilotes comme en Argentine qui refusent de monter dans l’appareil, il y a un effet contagieux qui fait que les compagnies qui ne prennent pas cette décision sont considérées comme irresponsables.
La fermeture de l’espace aérien est-elle obligatoire à ce moment-là ?
C’est un principe de précaution, comme l’a dit le communiqué de la direction générale de l'aviation civile : c’est à titre conservatoire. À partir du moment où l’agence fédérale américaine prend une position très ferme vis-à-vis de Boeing, en lui notifiant un certain nombre de modifications et de travaux à faire sur cet appareil et en lui donnant un délai jusqu’à fin avril, c’est difficile pour les autorités de tutelle d’aviation civile d’un certain nombre de pays de l’ignorer.
Quelles sont les conséquences pour le trafic aérien et pour Boeing ?
Pour l’Europe de l’Ouest il n’y a que très peu de conséquences, car très peu de compagnies exploitent cet appareil en Europe. Et pour Boeing, les jours à venir, les semaines à venir vont être absolument cruciales, parce que cet appareil a un défaut de conception et un défaut de certification. Or, en principe, la certification est là pour éviter les défauts de conception. Le 29 octobre 2018, l’accident du vol de Lion Air [l’avion était du même type que celui du crash d’Ethiopian Airlines, ndlr] et la lecture de la boîte noire [ont] montré qu’il y avait un vrai problème de commandes de vol sur cet appareil.
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