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Répression violente des Oromos d’Ethiopie
Publié le 22/12/2015 17:14
Temps de lecture : 1min
Le gouvernement éthiopien a décidé de mettre en place un programme de développement urbain. Ce «master plan» étalé sur 25 ans a pour finalité d’agrandir Addis Abeba pour y construire des infrastructures et attirer de nouveaux investisseurs. Mais les Oromos, qui représentent 32% de la population, inquiets pour leurs terres s’opposent à ce projet.
Des manifestations ont éclaté depuis 2014 dans le pays. Derrière ce mécontentement, se dessinent toute la frustration et la colère de cette ethnie, la plus importante d’Ethiopie. Si la capitale connaît un essor économique insolent depuis 10 ans, son développement se fait au détriment des Oromos, sur leurs terres. Par ailleurs, cette population s’est toujours sentie marginalisée : elle n’a jamais eu accès au pouvoir, contrairement à d’autres ethnies.
risquent de s’étendre bien au-delà de la capitale, de l'est au sud-ouest du pays, dans la région d’Oromia, l'une des onze d'Ethiopie et la plus peuplée. Dans ce territoire, vivent 26 millions d’Oromos. (AFP/ JANE SWEENEY / ROBERT HARDING HERITAGE / ROBERT HARDING)
car en Ethiopie celle-ci appartient à l'Etat et les propriétaires sont considérés comme des locataires. Selon Bekele Gerba, président adjoint du Congrès fédéraliste oromo, il s'agit là tout simplement d'un «accaparement des terres». ( AFP/ HASSAN ISILOW / ANADOLU AGENCY)
une paysanne a été expropriée. Elle avait deux hectares de terre et n'a reçu en compensation que 40.000 birrs (1.700 euros). Elle travaille désormais à l'usine et gagne 30 birrs par jour (1,30 euro) pour s'occuper de ses quatre enfants et de son mari handicapé. (AFP/JEAN-PIERRE DE MANN / ROBERT HARDING HERITAGE / ROBERT HARDING)
«La terre représente tout pour ces fermiers… Elle est essentielle pour se nourrir, mais aussi pour leur identité, leur culture. Vous ne pouvez pas délocaliser quelqu'un sans consultation ni compensation adéquate et vous attendre à ce qu'il n'y ait pas de réaction.» Mais, ajoute-t-il, les Oromos «sont perçus comme une menace par le gouvernement, en partie parce qu'ils sont de loin la plus importante ethnie». (SYLVAIN CORDIER / BIOSPHOTO)
qui agite depuis plusieurs semaines le pays. A la mi-novembre 2015, des manifestations se sont déroulées à l'appel d'étudiants inquiets par ce projet d’urbanisation. Elles ont démarré dans l’Etat d’Oromia qui possède sa propre langue, l'Oromo, différente de la langue officielle, l'amharique. En 2014, les étudiants s'étaient déjà heurtés aux forces de l'ordre. Plusieurs jeunes avaient été tués et des dizaines d'autres arrêtés. (REUTERS/Darrin Zammit Lupi)
accusant le régime une fois de plus d'atteintes aux droits de l'Homme. Selon Bekele Gerban et HRW, 75 à 80 personnes sont mortes depuis le début des manifestations contre seulement 5, selon le gouvernement. «Une très dangereuse escalade de la violence dans cette situation déjà explosive» est à craindre. (AFP/ HASSAN ISILOW / ANADOLU AGENCY)
à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, elles étaient de bien moindre ampleur. Aujourd’hui, l'exaspération est à son comble en raison de la répression féroce du gouvernement éthiopien, qui réprime dans le sang ces mouvements contestataires. «Arrêtez les tueries! Il n'y a pas de démocratie!», hurle la population armée de bâtons dans les rues de Wolenkomi, au nord-ouest d'Addis Abeba. D’autres effrayés par la violence fuient la ville. (REUTERS/ Tiksa Negeri)
«C'était mon seul fils, ils me l'ont tué!» Le corps de Kumsa Tafa, 20 ans, est transporté dans la maison familiale. Ababetch, sa sœur de 14 ans, essuie ses larmes en tremblant: «Il était étudiant. Personne n'était violent. Je ne comprends pas pourquoi il est mort.» (ZACHARIAS ABUBEKER / AFP)
et les tirs ont fusé pendant plus d'une heure. Kafani, un petit commerçant, a été bloqué par les militaires. «Ils m'ont mis en joue et m'ont dit: ‘’Tu rentres chez toi, si tu reviens, on te tue.’’» ( ZACHARIAS ABUBEKER / AFP)
en territoire oromo, les barrages faits de pierres et de troncs se succèdent sur plusieurs kilomètres. Il est impossible de se rendre à Wolenkomi. Une femme raconte: «Mon mari vient de m'appeler, il s'est réfugié dans une église. La police a tiré sur les manifestants.» Son voisin, en colère, lâche: «Ils prennent nos terres, tuent nos enfants. Pourquoi ils ne nous tuent pas tous maintenant?» (WILLIAM DAVISON / AFP)
«Le gouvernement peut continuer d'envoyer des forces de sécurité et agir avec violence, nous n'allons jamais baisser les bras.» Le Premier ministre Hailemariam Dessalegn assure que celui-ci «agira sans merci pour lutter contre ces forces qui tentent de déstabiliser la région.» (AFP/ MINASSE WONDIMU / ANADOLU AGENCYd)
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