Tentative de coup d'Etat au Gabon : "Dans la rue, les gens sont contents, c'est la fête", assure un habitant de Libreville
Un président en "résidence surveillée". Des militaires ont annoncé mercredi 30 août mettre "fin au régime en place" au Gabon, où les résultats officiels de la présidentielle de samedi venaient tout juste de consacrer la victoire du président Ali Bongo, au pouvoir depuis 14 ans.
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Juste après l'annonce officielle de la réélection d'Ali Bongo avec 64,27% des voix, un groupe d'une douzaine de militaires est apparu sur les écrans de la chaîne de télévision Gabon 24, abritée au sein même de la présidence. Parmi ces militaires figuraient des membres de la garde républicaine (GR), la garde prétorienne de la présidence reconnaissable à ses bérets verts, ainsi que des soldats de l'armée régulière et des policiers.
"Un sentiment de libération"
Depuis, la situation au sein de la présidence semble tendue : Ali Bongo - élu en 2009 après la mort de son père Omar Bongo Ondimba, qui avait dirigé le Gabon pendant plus de 41 ans - est actuellement "gardé en résidence surveillée, entouré de sa famille et de ses médecins", selon un communiqué lu à la télévision d'Etat par les militaires du Comité de Transition et de Restauration des Institutions, quand l'un de ses fils a été arrêté, notamment pour "haute trahison".
Dans les rues de la capitale, Libreville, l'ambiance semble plus festive, comme en témoigne ainsi Cédric, 36 ans. Si, tôt mercredi matin, des tirs ont été entendus à Libreville, depuis la vie a repris son cours. "L'ambiance est à la fête. Les gens sont en train de célébrer, de crier victoire et de remercier le Seigneur pour ce coup d'Etat, assure Cédric. Tout le monde, les familles, les jeunes, les vieux, est sorti dans la rue pour se congratuler, des bars ont ouvert, les gens sont contents !".
Joan, un enseignant, confirme : "Ca dépend des quartiers, des zones, mais la population est dehors pour féliciter les militaires, ils sont applaudis à chaque fois qu'ils passent. Mais la majorité des gens n'y croit pas car on ne pensait jamais voir la fin d'un système que l'on a toujours connu dans nos vies. C'est un sentiment de libération. Il y a de l'espoir, de la joie... C'est vue comme un deuxième indépendance."
"On remet tout à plat"
Cédric, lui, qui vit dans un "quartier plutôt populaire, le PK8", avait voté pour l'opposition au président Bongo. Il accuse aujourd'hui : "Une grosse partie de la population ne votait pas pour Ali Bongo depuis 2009, mais à chaque fois, les élections étaient falsifiées. Avec ce coup d'Etat, on remet tout à plat et on espère qu'il y aura enfin des élections démocratiques au Gabon. Les gens n'en pouvaient plus du régime Bongo, ça fait plus de 60 ans qu'ils sont là et le pays n'évolue pas. Les gens sont contents, c'est la fête ici !"
Pour sa part, la France dit suivre "avec la plus grande attention" la situation dans ce pays d'Afrique centrale riche en pétrole, a déclaré la Première ministre Élisabeth Borne. L'ambassade de France au Gabon recommande aux ressortissants français de "rester à domicile" et "d'observer la plus grande vigilance", en raison des événements en cours au Gabon, peut-on lire sur son site internet. Elle rappelle que les frontières sont fermées jusqu’à nouvel ordre et que les connexions internet ont été rétablies depuis ce mercredi matin.
Elle appelle également à "se tenir informé de la situation, à respecter les consignes de sécurité données par l’ambassade" et pour "les voyageurs" de passage à s'enregistrer sur le fil Ariane du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Un numéro d’urgence est mis à la disposition des ressortissants français, le 0033 1 43 17 51 00.
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