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Les Black Stars ne suffisent pas à faire oublier la crise au Ghana

Pour permettre aux 25 millions d’habitants de suivre à la télé leur équipe de foot durant le Mondial, le Ghana a acheté 50 mégawatts d’électricité à la Côte d’Ivoire. Une mesure qui ne suffira pas à redorer le blason du président John Mahama Dramani, en perte de vitesse dans l’opinion, en raison d’un mauvais bilan économique.
Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Accra, au Ghana, le 13 octobre 2013: des petits Ghanéens jouent au football.  (MOHAMED HOSSAM / ANADOLU AGENCY)

Avant le premier match des Black Stars contre les Etats-Unis (gagné par les USA 2-1, le 16 juin), le président a encouragé son pays à se mobiliser pour soutenir son équipe qui avait battu l’équipe américaine lors des deux précédentes Coupes du Monde (prochain match le 21 juin contre l’Allemagne).
 
Fédérer les Ghanéens autour de leur équipe nationale, comme c’est le cas en Belgique avec les Diables rouges, était un moyen de réconcilier tout un peuple avec ses élites. Pour autant, la participation des Black Stars à l’événement planétaire suffira-t-il à booster la cote de popularité de John Mahama Dramani ? On peut en douter au vu des résultats économiques du pays depuis son arrivée au pouvoir après la mort de son prédécesseur, John Atta Mills en 2012.

Le président du Ghana, le 9 octobre 2013 à Accra. John Dramani Mahama vient rendre une visite à l'équipe nationale de football, les Black Stars.
 
Car malgré une croissance insolente de plus de 7% en 2013, grâce notamment au boom des services financiers, «les Ghanéens connaissent de terribles difficultés financières que le président tente de faire oublier grâce au déploiement de nouvelles initiatives pour apaiser les masses, un an avant la prochaine élection», indique le directeur du programme d'information Afrique à l'Institut de journalisme de l'Université de New York, Frankie Edozien, pour le site Quartz.

Une inflation galopante 
Les raisons de la crise viennent de «la dépréciation rapide du taux de change, le taux d'inflation élevé, la hausse des cours du pétrole et du coût général de la vie, entre autres. Les revenus tirés des principaux produits à l'exportation du pays, tels que le cacao et l'or, ont chuté alors que les entrées en provenance de donateurs se sont réduites comme peau de chagrin», analyse dans Le Point James Barma.
 
Ainsi, pour tenter de stopper la dégringolade du cédi, la monnaie locale, qui a fait flamber les prix des produits de consommation, la Banque centrale ghanéenne a relevé en février son taux directeur de deux points et le président Mahama «a proposé le développement de l'industrie locale et la diversification de l’économie» trop basée sur l'or, le cacao et les exportations pétrolières, selon l’Ecofin, pour redresser le pays.


Aujourd’hui, de nombreuses voix s’élèvent pour accuser le gouvernement de vivre au-dessus de ses moyens (les salaires des fonctionnaires représentent près de 12% du PIB et les trois quarts des revenus pétroliers) et d’avoir de plus en plus souvent recours à l'emprunt pour se maintenir à flots.
 
Si la démocratie est toujours garante du maintien de la stabilité au Ghana, le ressentiment des citoyens vis-à-vis de leurs dirigeants grimpe avec l’inflation et les allégations de corruption les concernant.

La croissance ne devrait pas faiblir 
Pourtant, selon la Banque africaine de développement, l'économie du Ghana «devrait maintenir une croissance vigoureuse à moyen terme, soutenue par l'amélioration de la production de pétrole et de gaz, l'augmentation des investissements du secteur privé, l'amélioration du développement de l'infrastructure publique et la stabilité politique durable.»
 
En conclusion, même si de nombreux experts lui prédisent une croissance économique de plus de 6% pour la décennie à venir, il faudra plus qu’une victoire au Mondial pour redonner confiance aux ménages ghanéens. A commencer la mise en place des mesures structurelles et des économies sur les dépenses publiques.

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