Hollande ne viendra pas en aide au régime centrafricain
François Hollande a exclu toute intervention militaire française dans le conflit qui oppose le régime du président centrafricain François Bozizé aux rebelles du Séléka.
"Si nous sommes présents, ce n'est pas pour protéger un régime, c'est pour protéger nos ressortissants et nos intérêts et en aucune façon pour intervenir dans les affaires intérieures d'un pays, en l'occurrence la Centrafrique", a déclaré François Hollande en marge d'un déplacement au marché de Rungis, jeudi 27 décembre. "Ce temps-là est terminé", a-t-il ajouté. Le régime du président centrafricain François Bozizé est sous la menace de la coalition rebelle Séléka, qui a mis la main, depuis le 10 décembre, sur plusieurs villes stratégiques de l'est et du nord du pays et se rapproche de la capitale, Bangui.
Les forces françaises se cantonnent à leur mission
Paris est déjà intervenu par le passé dans le pays pour faire ou défaire des gouvernements. Ainsi, après avoir renversé le régime de l'empereur autoproclamé Jean-Bedel Bokassa, elle a mis au pouvoir en 1979 David Dacko puis André Kolingba. Signe de la mainmise de la France sur la Centrafrique dont le sous-sol regorge de diamants, pendant douze ans (1981-1993) la garde présidentielle a été dirigée par le colonel Claude Mantion, agent de la DGSE (espionnage français).
Mais la France semble afficher aujourd'hui une volonté d'éviter toute ingérence dans les affaires intérieures de ses anciennes colonies. Les 250 militaires français actuellement basés sur l'aéroport de Bangui se contenteront donc d'assurer leur mission de soutien technique et opérationnel à la Micopax (Mission for the Consolidation of Peace in Central African Republic).
Le régime réclame l'aide de la France
La veille, le ministre centrafricain de l'Administration du territoire, Josué Binoua, avait pourtant demandé l'intervention des soldats français stationnés dans le pays pour contrer la progression des rebelles venus du Nord. Un appel renouvelé jeudi par François Bozizé qui a demandé en sango (langue nationale centrafricaine avec le français), lors d'un discours public au centre de la capitale, "à [leurs] cousins français et aux Etats-Unis d'Amérique qui sont des grandes puissances, de [les] aider à faire reculer les rebelles à leur base initiale de façon à permettre la tenue du dialogue à Libreville pour résoudre la crise actuelle".
Le Tchad, qui a aidé en 2003 François Bozizé à renverser son prédécesseur démocratiquement élu, Ange-Félix Patassé, a envoyé un contingent en Centrafrique "comme force d'interposition", selon N'Djamena. Positionné sur le dernier axe routier menant à Bangui, il n'a pour l'instant pas montré son intention de combattre les rebelles mais il fait figure de dernier rempart pour la capitale.
Tensions autour des ressortissants français
Mercredi, des manifestants proches du Kwa na kwa (le travail, rien que le travail), le parti du président Bozizé, avaient lancé des projectiles sur l'ambassade française. Ils reprochaient tantôt à la France de soutenir les rebelles, tantôt son inaction face à leur avancée.
Au total, 1 200 civils français vivraient en République centrafricaine, selon les estimations du Quai d'Orsay. "J'invite d'ailleurs tous les ressortissants français à se mettre en rapport avec l'ambassade pour éviter qu'il y ait le moindre risque", a déclaré François Hollande, jeudi.
Le régime va recevoir des renforts africains
La force multinationale d'Afrique centrale (Fomac), qui compte déjà 500 militaires en Centrafrique, a quant à elle choisi d'envoyer de nouvelles troupes dans la capitale, a annoncé jeudi son commandant, le général Jean-Félix Akaga : "Bangui est sécurisée au maximum par les troupes [de la Fomac]", mais "d'autres (troupes) vont arriver pour renforcer cette mission de sécurisation de Bangui."
Les rebelles, qui initialement ne visaient pas Bangui, ont-ils changé d'ambition ? Si c'est le cas, pas sûr que la Fomac soit suffisante pour défendre la capitale face à des rebelles bien armés. "Les objectifs de Séléka ne sont pas très clairs. C'est une coalition de groupes hétéroclites aux revendications très différentes. Mais leur avancée rapide et le comportement convenable de ses hommes dans les territoires conquis montrent qu'il y a une vraie chaîne de commandement - et donc sans doute une stratégie", note le chercheur Roland Marchal, dans Le Figaro.
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