Kenya : les éléphants perdent du terrain face aux exploitations agricoles
Au Kenya, les éléphants ont survécu à la sécheresse et aux attaques de braconniers. Ils sont aujourd'hui menacés par la culture d'avocat, très à la mode. Les fermiers étendent les surfaces cultivées et rognent sur le territoire des pachydermes.
Sur les hauts plateaux du sud du Kenya, les éléphants sont chez eux et sillonnent librement les vastes terres Massaï, au pied du Kilimandjaro. L'espèce se porte bien, puisque son nombre a doublé en 30 ans. Ce qui inquiète, c'est l'espace. "Les éléphants sont des animaux migrateurs, ils se déplacent énormément (…), donc ils ont besoin de beaucoup d'espace", indique Daniel Ole Sambu, qui travaille à la préservation de leur écosystème au sein de la Fondation Big Life.
Au cours des dernières décennies, le plus gros animal terrestre a survécu aux aléas climatiques et aux braconniers. Son nouvel ennemi, c'est l'apparition de fermes entièrement clôturées. Une exploitation maraîchère de 118 hectares a été autorisée à s'installer en 2020 sur une zone jusqu'alors préservée, au milieu d'un couloir de migration d'éléphants. "Ce qui nous pose problème, c'est que cette ferme constitue un mauvais précédent. Si vous autorisez une ferme à s'installer au milieu d'un couloir de migration d'éléphants, alors d'autres suivront", craint Daniel Ole Sambu.
La culture de l'avocat
Pour le propriétaire, Jeremiah Shuaka Saalah, l'économie locale ne peut plus uniquement reposer sur le tourisme et la conservation animale. "Je fais vivre plus de 600 personnes ici, tous des locaux, confie-t-il. Est-ce que vous voulez que je vive dans le passé, comme les tribu Massaï primitives ? Je suis allé en Israël, je suis allé en Afrique du Sud, j'ai vu comment ils exploitent leur ferme là-bas. Alors je me suis dit, moi aussi, je veux mettre ça en place pour ma communauté".
Le gouvernement kenyan encourage le développement agricole, notamment la culture de l'avocat. Il autorise toutefois, en théorie, uniquement les exploitants à s'installer sur des zones qui ne menacent pas la faune. Les habitants du village voisin, des éleveurs Massaï, ne peuvent quant à eux plus parcourir les vastes étendues avec leurs troupeaux, et s'inquiètent pour la préservation de leur mode de vie.
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