Madagascar : Andry Rajoelina a été réélu président au premier tour lors d'un scrutin boycotté par dix candidats de l'opposition

Le président sortant a recueilli 58,95% des suffrages exprimés, dans un scrutin marqué par une forte abstention. Dix candidats de l'opposition, dont deux anciens présidents, ont appelé les électeurs à "considérer que ces élections n'existent pas".
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le président sortant de Madagascar, Andry Rajoelina, en campagne pour sa réélection, à Toamasina, le 11 novembre 2023. (RIJASOLO / AFP)

Une victoire attendue. Andry Rajoelina a été réélu président de Madagascar au terme du premier tour d'un scrutin que dix candidats de l'opposition avaient appelé à boycotter et dont ils ne reconnaissent pas l'issue, selon les résultats présentés samedi 25 novembre par la commission électorale. Le candidat sortant de 49 ans, qui se présentait pour un second mandat à la tête de la grande île de l'océan Indien, a remporté 58,95% des suffrages exprimés, selon les résultats annoncés lors d'une conférence de presse à Antananarivo, la capitale.

Les résultats doivent encore être validés par la Haute Cour constitutionnelle, plus haute juridiction du pays. "Le peuple malgache a choisi la voie de la continuité, de la sérénité et de la stabilité", s'est félicité Andry Rajoelina devant la presse peu après. Remerciant les électeurs pour leur "sagesse", il a assuré qu'ils se sont "exprimés librement". Elu depuis 2018, Andry Rajoelina avait accédé une première fois au pouvoir en 2009 à la faveur d'une mutinerie chassant l'ex-président Marc Ravalomanana.

Onze millions de Malgaches inscrits sur les listes électorales ont été appelés aux urnes le 16 novembre. Ils devaient choisir entre Andry Rajoelina et douze autres candidats officiels. Mais dix candidats de l'opposition rassemblés dans un collectif, dont deux anciens présidents, avaient appelé les électeurs à "considérer que ces élections n'existent pas". Ils ont refusé de faire campagne. Conséquence : le taux de participation au scrutin a été à peine supérieur à 46%, en baisse par rapport à la précédente présidentielle en 2018.

Un recours pour annuler le scrutin

"Quels résultats ? Quelle élection ?", a répondu à l'AFP un représentant du collectif d'opposants à une demande de commentaire sur la victoire de Rajoelina. Le groupe avait déjà annoncé vendredi que ses membres ne reconnaîtraient pas les résultats. "Nous ne reconnaîtrons pas les résultats de cette élection illégitime, truffée d'irrégularités, et nous déclinons toutes responsabilités sur l'instabilité politique et sociale qui pourrait en découler", ont-ils mis en garde.

Un candidat de l'opposition a saisi la Haute Cour constitutionnelle, plus haute juridiction du pays, pour réclamer l'annulation du scrutin. "J'ai déposé deux requêtes pour demander l'annulation du scrutin et la disqualification d'Andry Rajoelina", a déclaré Siteny Randrianasoloniaiko, dénonçant des fraudes électorales. L'opposition n'a pas pour l'instant appelé à descendre à nouveau dans la rue. Quasi quotidiennement et pendant des semaines avant la présidentielle, le collectif avait appelé à manifester à Antananarivo. Les protestations, qui n'ont pas été massivement suivies, avaient été régulièrement dispersées à coups de gaz lacrymogènes.

La crise politique dans le pays a été déclenchée en juin par la révélation de la naturalisation française, en toute discrétion, d'Andry Rajoelina en 2014. Selon l'opposition, cela devait l'empêcher de se présenter, mais la justice a refusé d'invalider sa candidature. Le collectif d'opposants candidats a accusé le pouvoir de manœuvrer pour reconduire Andry Rajoelina et dénoncé "un coup d'Etat institutionnel". Ils ont réclamé une suspension du processus électoral et l'intervention de la communauté internationale.

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