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Mali: le président par intérim menace les rebelles d'une "guerre totale"

Investi jeudi pour une durée encore inconnue, le président de transition, Dioncounda Traoré, s'est montré très virulent.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Dioncounda Traoré, jusqu'ici président de l'Assemblée nationale malienne, a été investi président par intérim le 12 avril 2012 à Bamako (Mali). (ISSOUF SANOGO / AFP)

A peine installé, le président par intérim du Mali frappe fort. Dioncounda Traoré, investi jeudi 12 avril pour une durée encore inconnue, a menacé, après la cérémonie d'investiture, de mener une "guerre totale" contre les combattants du Nord, alors que le pays est coupé en deux par un conflit armé depuis début avril. Vendredi 6 avril, le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) a proclamé l'indépendance du nord-Mali, une déclaration que la communauté internationale a immédiatement rejetée.

Dioncounda Traoré, jusqu'ici président de l'Assemblée nationale du Mali, succède temporairement à Amadou Toumani Touré, chassé du pouvoir par une junte militaire le 22 mars. Depuis, la junte a perdu le contrôle du Nord et décidé de se retirer du pouvoir. Son chef, le capitaine Amadou Sanogo, a même participé à la cérémonie durant laquelle Dioncounda Traoré a prêté serment, jeudi matin, au Centre international de conférence de Bamako.

Vers un gouvernement d'union nationale

Les modalités de la transition à la tête du pays doivent être définies lors d'une réunion ce week-end à Ouagadougou (Burkina Faso) entre le président burkinabé Blaise Compaoré - le médiateur nommé par la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) -, la classe politique et l'ex-junte maliennes. 

En parallèle, Dioncounda Traoré poursuit ses consultations en vue de la nomination d'un Premier ministre de transition qui sera investi des "pleins pouvoirs". Le prochain gouvernement d'"union nationale" pourrait compter une vingtaine de membres. Plusieurs membres de l'ancienne junte pourraient en faire partie.

Le nord-Mali suffoque

Pendant ce temps, dans l'Azawad désormais aux mains des rebelles touareg appuyés par les combattants islamistes d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), la situation humanitaire devient alarmante. Hôpital et locaux d'ONG pillés et saccagés, stocks de vivres dérobés : le chaos règne à Gao (nord-est) depuis la prise de la ville le 31 mars. "A moins de progrès rapides pour ouvrir un espace humanitaire et permettre des approvisionnements en nourriture et médicaments, il y aura une catastrophe humanitaire majeure qui pourrait se répercuter sur les pays voisins", a averti la Commission européenne. 

Plus que jamais, les islamistes ont pris le dessus dans la zone. Les Touareg "et Aqmi recrutent actuellement à ciel ouvert à Tombouctou. Des dizaines et des dizaines de jeunes ont été recrutés en quelques jours", a déclaré un élu de Tombouctou, sous couvert d'anonymat. La Cédéao brandit toujours la menace d'une intervention militaire dans le Nord pour rétablir "l'intégrité territoriale" du Mali. Des ministres de la zone ont rendez-vous jeudi à Abidjan (Côte d'Ivoire) pour discuter du "mandat" d'une éventuelle force.

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