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Barkhane renforcée : pour quoi faire ?

Le ministère des Armées l'a annoncé dimanche 2 février : 400 militaires supplémentaires vont être déployés au Sahel, ce qui portera à 5 100 hommes et femmes le nombre de soldats au sein de l'opération Barkhane.

Article rédigé par franceinfo - Franck Cognard
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Briefing avant départ, au camp français de Ménaka, au Mali, en mai 2018 (ERIC AUDRA / RADIOFRANCE)

Deux cent vingt renforts annoncés en janvier, puis quatre cents en ce début de février 2020 : c'est une augmentation des effectifs de presque 15% qui a été décidée entre l'Elysée et le ministère des Armées. Ce "surge" comme le disent les Américains n'est donc pas anecdotique en termes d'effectifs. D'autant que, comme l'expliquait le 22 janvier le chef d'état-major des Armées (CEMA) à l'Association des journalistes de défense, ce renfort en moyens humains "s'accompagne de moyens logistique et ISR (renseignement et surveillance) supplémentaires". 

30 blindés légers, 30 blindés lourds, et une trentaine d'engins de logistique et de commandement vont être déployés prochainement. Ce qui portera à 800 le nombre de véhicules engagés sur Barkhane.

le colonel Frédéric Barbry, porte-parole de l'état-major des Armées

franceinfo

Ces renforts vont permettre une "permanentisation" du dispositif militaire français au Sahel, en particulier dans la région du Liptako. C'est en effet dans cette région des trois frontières (Mali, Niger et Burkina Faso) que vont être envoyés ces soldats supplémentaires, conformément au plan annoncé par Emmanuel Macron, lors du sommet de Pau le 13 janvier 2020. Le président de la République avait désigné ce jour-là la zone où se concentreront les efforts, le Liptako, et l'ennemi qui ensanglante la région depuis son retour en force à l'automne dernier, l'Etat islamique au grand Sahara (EIGS). 

Sahel, zone couverte par l'opération Barkhane. En vert, la région dite des "trois frontières". (ETAT-MAJOR DES ARMÉES)

Il y a quelques semaines, le CEMA avait exposé aux députés de la commission des Affaires étrangères et des forces armées quelle était la vraie disponibilité des effectifs de Barkhane : "4 500 hommes au Sahel, c'est dérisoire", avait commencé le général Lecointre, "une fois soustraits les éléments de logistique, de soutien, et ceux qui sont de garde pour protéger nos emprises, je me trouve avec 2 000 hommes au maximum dans cet immense espace". 

De jour, de nuit : des soldats toujours au contact sur le terrain

Les renforts annoncés seront donc déployés essentiellement pour traquer et combattre sur le terrain les groupes terroristes. De jour comme de nuit, il y aura toujours des militaires dehors. "Nous sortons d'une logique d'actions-coup de poing/retour en base arrière, pour renforcer un maillage permanent", résume le colonel Barbry. Barkhane pourra ainsi mieux surveiller, et mieux couper les routes de trafics et d'approvisionnement logistique de l'EIGS. 

En augmentant ainsi ses capacités d'actions, Barkhane va coûter plus cher : la facture actuelle de 750 millions d'euros par an va grossir, sans qu'on puisse encore l'estimer. Et il ne faudra pas oublier d'inclure dans le décompte l'usure du matériel (le Sahel est un milieu "abrasif" pour les mécaniques), celui déjà déployé et celui qui va l'être dans les prochaines semaines. De fait, en montant en puissance, Barkhane se place aussi devant une obligation de résultats face aux Français. Même si le général Lecointre a prévenu, c'était en décembre, lors d'une visite au Mali : "Il n'y aura pas de victoire triomphale, avec défilé sur les Champs-Elysées". 

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