Mali : la junte militaire multiplie les gestes d'apaisement
Libération de prisonniers, rencontre avec les politiques, la junte militaire donne des gages d'un retour rapide à la normale.
Les militaires l'ont réaffirmé, ils vont rapidement "mettre en place un conseil de transition avec un président de transition qui va être soit un militaire, soit un civil", a déclaré le porte-parole de la junte, le colonel Ismaël Wagué lors d'une interview à France 24. "Une transition qui va être la plus courte possible", a-t-il ajouté. Est-ce un écran de fumée ou un réel signe de normalisation ?
De fait, les militaires ont ouvert le dialogue avec les partis politiques. Ils ont commencé par les partis de la majorité proches du président IBK, reçus jeudi 20 août au ministère malien de la Défense. RFI qui rapporte l'entrevue, note que les membres de la délégation "étaient plus détendus à leur sortie qu’à leur arrivée". "Ca s'est bien passé" a déclaré laconiquement l'un d'eux, relate RFI.
Dialogue avec les politiques
Est-ce un signe ? Aucun rendez-vous n'est prévu pour l'heure avec l'opposition. Les militaires semblent montrer qu'ils ne sont pas le bras armé du M5-RFP. Ce dernier a appelé à un rassemblement le vendredi 21 août, place de l'Indépendance, afin de montrer que "le M5 et la junte partagent le même objectif". L'ambiance du rassemblement, qui se veut un soutien à l'armée, influencera sûrement l'attitude des putschistes.
La junte, visiblement soucieuse de montrer sa bonne foi, multiplie les gestes d'apaisement. Selon RFI, parmi les dix-neuf militaires et civils arrêtés par la junte, deux personnes ont été libérées : Abdoulaye Daffé, ministre de l’Économie et des Finances du gouvernement dissous, et Sabane Mahalmoudou, chargé de mission à la présidence, et très proche d'IBK.
L'ex-président et son Premier ministre Boubou Cissé sont gardés dans une villa de Kati. Les militaires ont autorisé une délégation de la Minusma à leur rendre visite le 20 août, a confirmé sur son compte twitter la mission de l'ONU au Mali.
Hier dans la soirée une équipe des #DroitsdelHomme de la MINUSMA s’est rendue à #Kati dans le cadre de son mandat de protection des droits de l’homme et a pu avoir accès au Président Ibrahim Boubacar Keita ainsi qu’aux autres détenus. #Mali
— MINUSMA (@UN_MINUSMA) August 21, 2020
Enfin la junte a également annoncé la réouverture des frontières aériennes et terrestres, et allégé le couvre-feu qui n'est plus désormais que de cinq heures, à partir de minuit.
Autant de signes qui visent à rassurer la communauté internationale. La Cédéao qui s'est réunie jeudi en visioconférence est restée très critique. Elle exige toujours la libération immédiate de tous les officiels arrêtés, ainsi que du Président malien et le rétablissement de celui-ci dans ses fonctions de Président de la République du Mali. Une position réaffirmée également par la France.
Pour le Mali, il y a deux choses auxquelles nous veillons : la stabilité et la poursuite de la lutte contre le terrorisme qui est avant tout le fléau des Maliennes, des Maliens, mais aussi de l'ensemble des Sahéliens. pic.twitter.com/JQGOIxORBC
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) August 20, 2020
Le président nigérien Mahamadou Issoufou, actuel président en exercice de la Cédéao, a confirmé les premières mesures prises contre le Mali. La fermeture de toutes les frontières aériennes et terrestres ainsi que l’arrêt des transactions économiques, commerciales, financières entre les pays membres de la Cédéao et le Mali, à l’exception des denrées de première nécessité, de l’électricité et du carburant.
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