Pour sa 34e édition, le festival Africolor célèbre des musiques plus vivantes que jamais
Le festival Africolor, qui se tient jusqu'au 24 décembre en Île-de-France, se donne une mission : présenter, faire découvrir et célébrer un immense continent plus vivant que jamais culturellement. Avec, aussi, un rôle politique à jouer.
Quand on parle de l'Afrique, c'est une évidence : "Il y a 54 pays, une infinité de créations musicales et de genres musicaux". Celui qui parle ainsi, en parcourant le programme d'Africolor, c'est Sébastien Lagrave, directeur du festival, qui se rend compte du travail accompli en 34 éditions. Aux côtés des noms reconnus que sont Fatoumata Diawara, Jupiter & Okwess ou Bassekou Kouyaté, on y découvre le coeur battant des musiques congolaises, maliennes, comoriennes ou sénégalaises, à l'image de la jeune star Samba Peuzzi.
Historiquement lié à la Seine-Saint-Denis mais avec des concerts dans quatre départements voisins, Africolor assume aussi un rôle politique, avec par exemple une création autour de Lalla Fadhma N'Soumer, jeune Kabyle ayant affronté la colonisation française en Algérie au 19e siècle. La culture comme moyen de se souvenir. Sébastien Lagrave insiste : "Pour nous il s'agit de donner à voir et à entendre l'histoire et les mémoires de ceux qui sont venus là il y a longtemps, ces Maliens, ces Sénégalais ; leurs enfants sont pleinement français et on s'est aperçu au fil des années qu'ils ne connaissaient pas leur propre histoire qui est aussi notre histoire, parce que les indépendances africaines des années 1960 sont aussi l'histoire d'une relation avec la France, toujours présente et parfois compliquée. On fait ce travail que n'a pas le temps de faire, ne peut pas ou ne voulait pas faire l'Education nationale".
On est artistique parce que politique, et politique parce qu'artistique
Sébastien Lagrave, directeur du festival Africolor
Et comme un écho, d'Afrique émergent aujourd'hui de nombreux projets féminins, poussés par Africolor, que ce soient les rappeuses sénégalaises Def Maa Maa Def, le groupe malien Go Bamako ou la joueuse de kora Sona Jobarteh, toutes présentes au festival cette année. "Avec un partenaire à Bamako, nous avons créé une structure de formation pour qu'elles puissent avoir accès aux instruments et notamment au DJing, explique le directeur du festival. C'est là que sont nées les Go de Bamako et, dans d'autres capitales du continent, on a aussi depuis dix ans ces formations pour les femmes. Elles émergent forcément sur les scènes des festivals, elles ne sont pas que chanteuses mais s'approprient tous les moyens de production".
Si l'industrie musicale mondiale penche vers le Nigeria ou l'Afrique du Sud, on n'aura certainement jamais fini d'explorer les richesses musicales d'un continent à part.
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