Cet article date de plus de cinq ans.

Au Maroc, un institut forme des imams d’Afrique et de France pour promouvoir un islam modéré

Lors de la visite du pape à Rabat, le roi du Maroc a mis en avant l’éducation comme pilier de la lutte contre l’extrémisme. Il a donné comme exemple l’Institut Mohammed VI qui promeut un islam tolérant et ouvert.

Article rédigé par Eléonore Abou Ez
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des étudiants subsahariens de l'institut Mohammed VI qui forme des imams et des prédicateurs.  (FADEL SENNA / AFP)

Depuis son ouverture en 2015, l’Institut Mohammed VI accueille de jeunes musulmans du Maroc, de France et d’une dizaine de pays d’Afrique subsaharienne qui veulent devenir imam (guide religieux). La formation a été mise en place pour encadrer l’enseignement de l’islam et lutter contre les discours radicaux.

Un programme de formation

Dans  l'islam sunnite (la branche majoritaire), il n’y a pas de clergé, ni de parcours bien défini pour devenir guide religieux. L’imam peut être choisi par sa communauté pour sa connaissance du Coran, mais toute personne peut s’autoproclamer imam. Sauf que devant la propagation d’un discours extrémiste et parfois dangereux, le Maroc a choisi de reprendre en main le champ religieux à travers un programme de formation de cadres du culte musulman. 

Une diplomatie religieuse

Le centre de formation est placé sous la tutelle du roi, qui est considéré comme le "commandeur des croyants" ou descendant direct du prophète. L’institut fait ainsi écho aux idées promues depuis plusieurs années par Mohammed VI, qui revendique un "islam du juste milieu", un islam "tolérant", ouvert au "dialogue" et à la "coexistence" avec les autres religions. Ce centre est aussi un enjeu diplomatique pour le Maroc qui se positionne dans le monde musulman, et notamment en Afrique, comme un rempart contre l’extrémisme et la violence au nom de cette religion. 

Il s’agit aussi de faire en sorte que les imams étrangers deviennent des ambassadeurs du modèle religieux marocain

Salim Hmimnat, auteur d’études sur la politique religieuse au Maroc

à l'AFP

Des centaines d’étudiants

Quelque 1300 hommes et femmes suivent ainsi le cursus de deux ou trois ans qui leur permettra de devenir officiellement imams, mourchidines (prédicateurs) ou mourchidates (prédicatrices). L’Institut a déjà formé 500 Maliens et accueille des élèves de Côte d’Ivoire, de Guinée et du Sénégal, conformément à des accords bilatéraux avec ces pays. Les aspirants imams étudient le Coran, la jurisprudence islamique et ont des cours sur le christianisme et le judaïsme pour "une vue globale sur les autres religions pour pouvoir cohabiter avec les autres communautés", explique le directeur Abdeslam Lazaar à l’AFP. Tous les étudiants sont pris en charge par le royaume et ont droit à une bourse mensuelle. 

De futurs imams français

La France, qui manque d'imams, a signé un accord en 2015 avec le Maroc pour la formation de guides religieux musulmans. Pour L’Union des mosquées de France (liée au Maroc), il s’agit d’une "étape" avant l’ouverture d’instituts de formation sur le sol français, souligne La Croix.

Un rapport du Sénat sur l’islam publié en 2016 insiste sur l’importance de la formation en France des imams français, en rappelant que "les imams formés à l’étranger peuvent véhiculer des préjugés qui peuvent les mettre en porte-à-faux dans le contexte français".

Une cinquantaine d'hommes et de femmes ont suivi une formation à Rabat, où le cursus commence par la sensibilisation sur les fausses idées et, selon les formateurs, ce sont les Français fraîchement débarqués qui tiennent les discours les plus radicaux. "Il y a vraiment du travail avec eux" souligne un enseignant cité par l'AFP.  

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.