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Maroc : deux ministres islamistes s'aimaient d'amour tendre

Le ministre de la Justice marocain reste intransigeant: les rapports sexuels hors mariage restent punis par la loi. Des amours interministérielles et extraconjugales battent pourtant en brèche cette fermeté. Géopolis revient sur un feuilleton, où tous les éléments du vaudeville sont présents. Et où, pour finir, le ministre islamiste va avec son épouse demander la main de sa maîtresse présumée.
Article rédigé par Frédérique Harrus
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Une du site TelQuel.ma, avec le portrait des deux ministres. (Rachid Tniouni)

Ca fait un moment que ça jasait… Habib «fricotait-il» avec Soumia ou n’était-ce que ragots malveillants ?
L’affaire aurait pu en rester là et faire sourire, si Habib n’avait pas 52 ans, n’était pas marié, ni père de quatre enfants; et Soumia, 53 ans, divorcée depuis un an après 30 ans de mariage, peut-être justement pour Habib.
Et alors, direz-vous, il trompe sa femme, on peut éventuellement penser que c'est mal, mais entre adultes majeurs et consentants, en quoi cela regarde-t-il le commun des mortels ?
 
Petit rajout pour plus de précision: Habib Choubani et Soumia Benkhaldoun sont respectivement ministre chargé des Relations avec… le Parlement et ministre de la Recherche… et de l’Enseignement supérieur du gouvernement marocain dirigé par le Premier ministre Abdelilah Benkirane.
 
Dernier détail pour parfaire le tableau, ces ministres sont tous les deux issus des rangs du Parti de la justice et du développement (PJD), parti islamique et conservateur, très regardant sur le respect strict de la religion.

Ce même parti qui discute d’un projet de réforme du code pénal et le ministre de la Justice et des libertés, Mustapha Ramid, de prévenir : «Tout est modifiable, sauf les articles concernant la pénalisation des rapports sexuels en dehors du mariage.» Evidemment, l’hypothétique exemple de ses collègues ministres commence à coincer.
 
Après de multiples démentis peu convaincants, puis une interdiction faites par le chef du gouvernement aux deux mis en cause de se voir, ultime rebondissement: suivant la tradition musulmane, Habib Choubani est allé, en compagnie de sa femme, demander la main de Soumia Benkhaldoun. Une demande qui a reçu «la bénédiction de sa mère», selon le quotidien arabophone Akhbar Al Yaoum qui annonce l’information «d’après des sources proches».

Habib Choubani ne nie en aucun cas cette information. Sur sa page Facebook, il précise que «cette démarche n’a pas été entreprise en réaction aux rumeurs véhiculées par les médias.» 

Texte de Habib Choubani sur FaceBook


Si le PJD se garde bien de commenter officiellement ces fiançailles, le religieux Ahmed Raissoun précise qu’il s’agit d’une relation conforme aux principes de l’islam et à la Sunna du Prophète qui sera conclue par le mariage et annonce bénir l’amour entre les ministres, selon le site Yabiladi, même si la polygamie ne représente que 0,31% des mariages contractés au Maroc.

Mais tout le monde n'est peut être pas aussi circonspect dans les rangs du PJD, et les «sources proches» évoquées par le quotidien arabophone Akhbar Al Yaoum pourraient bien être le ministre de la Justice Mustapha Ramid (Vous vous souvenez, le ministre de la Justice intransigeant sur la question du sexe hors mariage !?), un proche de Taoufik Bouachrine le directeur du journal. «Bouachrine n’aurait jamais osé publier une affaire de cette nature sans en avoir référé auparavant à Ramid», explique Choubani à ses amis sur Demain on line.

Mais le mot de la fin revient au chef du gouvernement Abdelilah Benkirane qui a fait remarquer à ses deux ministres: «Deux choses m’ont sérieusement fatigué ces derniers temps, mon voyage en Corée et votre histoire...»
 

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