"On ne sait jamais si on va vraiment avoir le visa ou pas" : au Maroc, "la crise des visas" a laissé des traces

Si le nombre de visas accordés est revenu à la normale, les Marocains font face à des délais et des démarches compliquées.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un drapeau du Maroc, image d'illustration. (ARTUR WIDAK / NURPHOTO / AFP)

La visite d’État d’Emmanuel Macron, lundi 28 octobre, au Maroc sur invitation du roi Mohammed VI, signe la fin d'une période de tensions de trois ans dans les relations bilatérales entre la France et le royaume chérifien. La "crise des visas", comme l'ont surnommée les médias, a été l’une des raisons qui ont contribué à refroidir les liens entre les deux pays.

En septembre 2021, la France avait décidé de diviser par deux le nombre de visas accordés aux ressortissants marocains, justifiant cette décision par un manque d'efforts du Maroc pour accepter de recevoir ses ressortissants sous OQTF. Une décision sur laquelle la France est revenue un peu plus d’un an plus tard, mais qui a laissé des traces. Les Marocains, surtout ceux issus de l’élite francophone, l’ont perçu comme une marque d’humiliation. Et même si le nombre de visas accordés est revenu à la normale, cette question des visas reste sensible au Maroc, et sera d’ailleurs l’objet de discussions entre le président français et le monarque marocain.

"Les gens souffrent beaucoup des intermédiaires"

Les Marocains sont les plus nombreux au monde, derrière les Chinois, à déposer des demandes de visa pour la France. Mais Rita, 26 ans, déplore des démarches trop complexes et coûteuses : "La démarche est un peu compliquée parce qu’on ne sait jamais si on va vraiment avoir le visa ou pas. On essaye d’appuyer notre dossier comme on peut avec plein de papiers, tout ce qu’on peut trouver."

Pour gérer ces demandes - plus de 300 000 en 2023 - le gouvernement français sous-traite le service à une entreprise privée : TLS. Mais pour obtenir un rendez-vous, les Marocains doivent souvent faire appel à un réseau d’intermédiaires officieux, déplore Hassan. "Actuellement, nous souffrons. Les gens souffrent beaucoup des intermédiaires, pour fixer un rendez-vous, alors que normalement ça doit passer facilement par internet. Et il existe des montants importants, jusqu’à 2 000-2 500 dirhams marocains. Ce n’est pas normal."

Cela revient entre 200 et 250 euros pour payer un intermédiaire chargé de trouver un rendez-vous, sans être sûr d’obtenir le visa. Environ 20% des demandes sont rejetées. Un problème pour l'avocat Adil Lamtiri : "Par le passé, on traitait le problème de visas dans un délai d’une semaine, et on avait notre visa." Près de 850 000 Marocains vivent en France et au moins 53 000 Français vivent au Maroc.

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