: Reportage Séisme au Maroc : "Les gens ont faim, ont froid", témoignent ces rescapés qui regrettent la mauvaise coordination des secours
Le bilan ne cesse de s'aggraver au Maroc plus de trois jours après le séisme. Selon les derniers chiffres, 2 862 personnes sont mortes, et ce bilan risque encore de s'alourdir. Dans l'épicentre du tremblement de terre, c'est une immense situation humanitaire qu'il faut gérer avec des milliers de familles démunies.
Assise au milieu d'un campement de sinistrés sur les hauteurs d'Amizmiz, Nadjia propose d'aller chez elle et, sur place, montre les ruines dans chaque pièce de sa maison défigurée. "Je ne vois rien. Là, c'était le lavabo, là, la cuisine, il n'y a plus d'eau", décrit celle qui dit se sentir "mal". "C'est la maison, c'est toute ta vie."
Une vie désormais à ciel ouvert, sans eau, sans électricité, avec de maigres provisions de nourriture et des heures passées à attendre sous un soleil de plomb les distributions des bénévoles ou de Marocains solidaires, comme cette famille venue apporter de l'eau : "Inshallah, on sera là demain, on sera ici après demain... On a distribué hier du pain de la farine, des choses dont ont besoin des gens tous les jours."
Un manque d'organisation
Et tandis que les femmes se précipitent pour remplir bouteilles, seaux et bassines, les hommes derrière elles manquent d'en venir aux mains après qu'une association a déposé seulement quelques tentes emballées sur le sol.
Ce qui fait bondir Myriam et Belali, deux enfants du quartier venus aussi pour aider. "La difficulté qu'on retrouve aujourd'hui, c'est l'approvisionnement des tentes et des couvertures", dit-elle très émue. "On vient de récupérer un nombre de tentes qui est très réduit alors que la population ici est très nombreuse. Et même si on fait des réclamations, il y a toujours un retard. On a un problème de communication avec les autorités."
Certains se plaignent du manque de transparence et d'organisation dans la prise en charge. Le défi logistique est immense alors que les sinistrés sont très traumatisés. "Je comprends parfaitement qu'il y ait un stress au niveau de toute la gestion. Mais on aura besoin qu'il y ait des interlocuteurs pour chaque centre, pour collecter les données des gens, collecter les besoins exacts. Aujourd'hui, les gens ont faim, ils ont froid", dénonce Myriam.
"On sait bien qu'ils sont très choqués de ce qui s'est passé, mais on aimerait bien qu'il y ait une organisation parce qu'aujourd'hui, les efforts sont faits par des individus particuliers."
Myriam, habitante d'Amizmizà franceinfo
"Pour Amizmiz, la situation est critique, certes, mais on a un énorme avantage qui est l'avantage de l'accessibilité. Ce qui n'est pas le cas pour plusieurs villages", concède toutefois Belali. Des villages enclavés à moins de dix kilomètres de l'épicentre, où les secouristes peinent encore à arriver, plus de trois jours après le séisme.
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