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Areva au Niger et l'uranium d'Arlit
Le groupe nucléaire français Areva exploite de l’uranium dans la région d'Arlit, au nord du Niger, non loin de la frontière malienne. Alors que l'exploitation de Somaïr, où plusieurs Français ont été enlevés en septembre 2010, a subi une attaque terroriste le 23 mai 2013, coup de zoom sur les sites miniers nigériens.
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L'attaque de la mine de Somaïr a eu lieu malgré la présence annoncée, le 3 février 2013 par le président nigérien Mahamadou Issoufou, de forces spéciales françaises sur les sites d'uranium. Un agent d'Areva à Arlit, au nord du Niger, avait confirmé peu avant avoir «aperçu trois 4x4 avec des militaires français à bord» près du site minier.
La crainte terroriste bien présente
En septembre 2010, al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) avait enlevé sept salariés d'Areva et de son sous-traitant Sogea-Satom (filiale du groupe de BTP Vinci), travaillant à Arlit. Le groupe français avait alors évacué la plupart de son personnel expatrié au Niger.
Quatre employés (un d'Areva et trois de Vinci) – Thierry Dol, Daniel Larribe, Pierre Legrand et Marc Féret – sont toujours retenus comme otages. Ils sont «vivants» et se trouveraient au Mali, non loin de la frontière avec l'Algérie, dans les montagnes des Ifoghas, a précisé Mahamadou Issoufou.
Des enjeux économiques énormes
Areva, second producteur mondial d'uranium en 2011, exploite dans le nord du pays sahélien deux sites via deux sociétés lancées respectivement en 1971 et 1977. La Somaïr (détenue à 64% par Areva et 36% par le Niger) et la Cominak (34% Areva, 31% Niger, 25% au japonais Ourd et 10% à l'espagnol Enusa).
Le Niger, quatrième producteur mondial d'uranium – 9% du marché mondial, derrière le Kazakhstan (36%), le Canada (17%) et l'Australie (11%) – est la deuxième source d'approvisionnement du groupe français après le Kazakhstan et devant le Canada. Rien qu’en 2012, le site de la Somaïr a battu son record de production, en dépassant les 3.000 tonnes annuelles d’uranium.
Uranium qui, une fois importé en France, alimente les centrales nucléaires françaises et participe de ce fait à l'approvisionnement énergétique du pays.
Un site gigantesque dans les tuyaux
Areva aménage au Niger depuis 2009 le gisement d'Imouraren, situé à 80 km au sud d'Arlit. Le site devait être initialement inauguré en 2012. Mais les troubles et les enlèvements ont repoussé l’inauguration à la fin 2014. L’exploitation ne devrait pas commencer avant mi-2015.
Si l’investissement équivaut à plus de 1,2 milliard d'euros (56% pour Areva, 34% pour le Niger et 10% pour le sud-coréen Kepco), le jeu en vaut la chandelle pour le groupe français. En effet, par la taille de son gisement, Imouraren deviendra la plus grande mine d'uranium d'Afrique et la deuxième au niveau mondial). Elle devrait produire 5.000 tonnes de minerai par an.
Le pouvoir nigérien réclame un partenariat plus favorable
Si la mine d'Imouraren conforte l'importance du Niger dans l'approvisionnement d'Areva, elle créée aussi des tensions entre les deux partenaires. Un bras de fer est engagé entre le groupe nucléaire français, premier employeur privé du Niger, et le président Issoufou, lui-même ancien cadre d’une filiale d’Areva.
Le 28 octobre 2012, le gouvernement nigérien s'est indigné de ne tirer que «5% des recettes du budget national» du précieux minerai, premier produit d'exportation du pays. Il a alors demandé un «renforcement de sa participation à la gouvernance du secteur». Et le président nigérien a lancé un pavé dans la mare en se disant prêt à ouvrir le secteur à la Chine ou à d’autres investisseurs.
Dans ce pays extrêmement pauvre, qui a pris de plein fouet en 2012 une crise alimentaire et les conséquences des troubles au Mali voisin, la demande de davantage de bénéfices pour la population résonne de plus en plus.
Niamey signifie qu’il ne veut pas être lésé
Areva, qui doit aussi réfuter des accusations de pollution sur ses sites, défend son partenariat : «Il y a 150 millions d'euros d'achats par an, plus de 100 millions de retombées fiscales.»
Et pour faire montre de bonne volonté, le leader mondial du nucléaire a indiqué le 13 janvier qu’il versera 35 millions d'euros au Niger, en «compensation» de l’année de retard prise dans le chantier d'Imouraren. Et ce, dans un contexte difficile pour la production du minerai, dont les cours ont fortement chuté depuis la catastrophe de Fukushima, au Japon, en mars 2011.
La crainte terroriste bien présente
En septembre 2010, al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) avait enlevé sept salariés d'Areva et de son sous-traitant Sogea-Satom (filiale du groupe de BTP Vinci), travaillant à Arlit. Le groupe français avait alors évacué la plupart de son personnel expatrié au Niger.
Quatre employés (un d'Areva et trois de Vinci) – Thierry Dol, Daniel Larribe, Pierre Legrand et Marc Féret – sont toujours retenus comme otages. Ils sont «vivants» et se trouveraient au Mali, non loin de la frontière avec l'Algérie, dans les montagnes des Ifoghas, a précisé Mahamadou Issoufou.
Des enjeux économiques énormes
Areva, second producteur mondial d'uranium en 2011, exploite dans le nord du pays sahélien deux sites via deux sociétés lancées respectivement en 1971 et 1977. La Somaïr (détenue à 64% par Areva et 36% par le Niger) et la Cominak (34% Areva, 31% Niger, 25% au japonais Ourd et 10% à l'espagnol Enusa).
Le Niger, quatrième producteur mondial d'uranium – 9% du marché mondial, derrière le Kazakhstan (36%), le Canada (17%) et l'Australie (11%) – est la deuxième source d'approvisionnement du groupe français après le Kazakhstan et devant le Canada. Rien qu’en 2012, le site de la Somaïr a battu son record de production, en dépassant les 3.000 tonnes annuelles d’uranium.
Uranium qui, une fois importé en France, alimente les centrales nucléaires françaises et participe de ce fait à l'approvisionnement énergétique du pays.
Un site gigantesque dans les tuyaux
Areva aménage au Niger depuis 2009 le gisement d'Imouraren, situé à 80 km au sud d'Arlit. Le site devait être initialement inauguré en 2012. Mais les troubles et les enlèvements ont repoussé l’inauguration à la fin 2014. L’exploitation ne devrait pas commencer avant mi-2015.
Si l’investissement équivaut à plus de 1,2 milliard d'euros (56% pour Areva, 34% pour le Niger et 10% pour le sud-coréen Kepco), le jeu en vaut la chandelle pour le groupe français. En effet, par la taille de son gisement, Imouraren deviendra la plus grande mine d'uranium d'Afrique et la deuxième au niveau mondial). Elle devrait produire 5.000 tonnes de minerai par an.
Le pouvoir nigérien réclame un partenariat plus favorable
Si la mine d'Imouraren conforte l'importance du Niger dans l'approvisionnement d'Areva, elle créée aussi des tensions entre les deux partenaires. Un bras de fer est engagé entre le groupe nucléaire français, premier employeur privé du Niger, et le président Issoufou, lui-même ancien cadre d’une filiale d’Areva.
Le 28 octobre 2012, le gouvernement nigérien s'est indigné de ne tirer que «5% des recettes du budget national» du précieux minerai, premier produit d'exportation du pays. Il a alors demandé un «renforcement de sa participation à la gouvernance du secteur». Et le président nigérien a lancé un pavé dans la mare en se disant prêt à ouvrir le secteur à la Chine ou à d’autres investisseurs.
Dans ce pays extrêmement pauvre, qui a pris de plein fouet en 2012 une crise alimentaire et les conséquences des troubles au Mali voisin, la demande de davantage de bénéfices pour la population résonne de plus en plus.
Niamey signifie qu’il ne veut pas être lésé
Areva, qui doit aussi réfuter des accusations de pollution sur ses sites, défend son partenariat : «Il y a 150 millions d'euros d'achats par an, plus de 100 millions de retombées fiscales.»
Et pour faire montre de bonne volonté, le leader mondial du nucléaire a indiqué le 13 janvier qu’il versera 35 millions d'euros au Niger, en «compensation» de l’année de retard prise dans le chantier d'Imouraren. Et ce, dans un contexte difficile pour la production du minerai, dont les cours ont fortement chuté depuis la catastrophe de Fukushima, au Japon, en mars 2011.
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