Niger : la tentative de coup d'Etat à Niamey marque-t-elle la fin de la présence de l'armée française au Sahel ?
"Parfaitement illégitime" : Emmanuel Macron a condamné vendredi depuis la Papouasie-Nouvelle-Guinée "avec la plus grande fermeté le coup d'État militaire" en cours au Niger, "dangereux" pour la région, et a appelé "à la libération" du président Mohamed Bazoum. "Ce coup d'État est parfaitement illégitime et profondément dangereux pour les Nigériens, pour le Niger, et pour toute la région", a relevé le président français lors d'une conférence de presse. "C'est pourquoi nous appelons à la libération du président Bazoum et à la restauration de l'ordre constitutionnel", a-t-il ajouté.
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Le Niger, un pays pauvre à l'histoire jalonnée de coups d'Etat, était l'un des derniers alliés de la France au Sahel, une région minée par l'instabilité, la précarité et les attaques jihadistes. Le coup d'Etat à Niamey est le troisième dans cette zone depuis 2020, après l'arrivée de militaires au pouvoir au Mali et au Burkina Faso. Et la présence militaire française semble plus que jamais en sursis dans la région. On estime qu'il y a environ 1 500 à 2 000 soldats français dans le pays.
Si les putschistes de Niamey suivent leurs voisins, ils pourraient vite demander à la France de quitter les lieux. D'ailleurs, dès jeudi 27 juillet, ces militaires ont accusé la France d'avoir enfreint la fermeture des frontières en faisant atterrir un avion militaire à l'aéroport international de Niamey. Ils ont appelé "une fois pour toutes au respect strict des dispositions" prises par la junte. Quelques minutes auparavant, les putschistes avaient appelé "la population au calme" après des incidents lors d'une manifestation à Niamey organisée pour les soutenir, pendant laquelle flottaient des drapeaux russes et des slogans anti-français étaient scandés.
"C'est une période historique pour la France qui se termine"
À court et moyen terme, la France pourrait donc totalement disparaître du paysage au Sahel, signant ainsi la fin de ce qu'on a appelé la Françafrique dans cette partie du continent. Il faut dire que les solutions de repli pour l'armée française sont peu nombreuses.
"Il n'y a aucune solution de repli dans la région, souligne le journaliste spécialiste de l’Afrique, Antoine Glaser. Cela veut dire qu'il y aura sans doute une partie des militaires français, entre 1 500 et 2 000 effectifs, qui rentreront en France. Je les imagine mal s'installer au Tchad, alors qu'il va y avoir des élections extrêmement incertaines à N'Djamena, avec le maintien de la dynastie des Déby au pouvoir. Petit à petit, c'est une période historique pour la France qui se termine, une période post-coloniale de présence militaire. De la Mauritanie au Soudan, les djihadistes ont réussi à faire fuir l'ensemble des Occidentaux."
D'ailleurs, avant ce coup de force, la tendance était déjà à la diminution du nombre de militaires français au Sahel et dans cette partie de l’Afrique. C'était le souhait d'Emmanuel Macron de retirer des troupes du Gabon, du Sénégal ou encore de la Côte d'Ivoire. Les récents événements qui viennent de se dérouler au Niger pourraient encore accélérer cette tendance.
Dans les faits, les militaires français seraient, en plus de ceux du Niger, encore un millier au Tchad actuellement, 1 500 à Djibouti et quelques centaines dans les bases plus éloignées du Sahel. Il faut se rappeler que la France a compté jusqu'à 5 000 hommes au Mali, du temps de Barkhane, ceux-là même dont une partie avait dû en partir après l'alliance entre la junte au pouvoir à Bamako et la Russie.
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