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Au Nigeria, la forêt sacrée d’Osun-Oshogbo vénérée par les Yorubas, a survécu au temps
Publié le 14/06/2020 10:14
Restauré depuis 40 ans, ce site a été inscrit en 2005 au Patrimoine mondial de l’humanité de l'Unesco.
Tout au long de l’année, touristes et pèlerins se rendent près de la rivière au cœur de la forêt sacrée d’Osun-Oshogbo pour rendre hommage à la déesse Osun, une divinité du panthéon yoruba.
11 photos de Pius Utomi Ekpei datées de juin 2020 illustrent ce propos.
Au sud du Nigeria, à 250 kilomètres de Lagos, se trouve Oshogbo la capitale de l’Etat d'Osun, où la majorité de la population est issue du peuple yoruba. Pour eux, la forêt Osun-Oshogbo à la périphérie de la ville est sacrée. Elle est un symbole identitaire fort, une expression de leur rapport au divin. (PIUS UTOMI EKPEI / AFP)
Le territoire des Yorubas était recouvert de bois sacrés, mais au fil du XXe siècle, la plupart ont disparu. Osun-Oshogbo est l’une des dernières forêts primaires qui subsistent en Afrique de l’Ouest. 400 espèces de plantes y poussent dont près de la moitié ont des propriétés médicinales. (PIUS UTOMI EKPEI / AFP)
En 1965, la forêt a été déclarée monument national. Cette désignation initiale a été modifiée et étendue en 1992 pour que soit assurée la protection de la totalité de ses 75 hectares. La politique culturelle nigériane de 1988 stipule que "l’Etat doit préserver comme des monuments les anciens remparts et portes, sites, palais, sanctuaires et bâtiments publics, et promouvoir les bâtiments d’importance historique et les sculptures monumentales", explique l’Unesco. (PIUS UTOMI EKPEI / AFP)
"Depuis 1990, la forêt est sous la tutelle administrative du gouvernement de l’Etat d’Osun. C’est à l’Ataoja (le roi) et son Conseil du patrimoine culturel d’Oshogbo à qui il revient de s’acquitter des responsabilités traditionnelles et des rites culturels de la communauté. Pour protéger le site contre toutes sortes de menaces, les lois, les mythes, les tabous et les coutumes séculaires qui interdisent la pêche, la chasse, la contrebande, l’abattage des arbres et l’agriculture sont invoqués sans relâche", précise l’Unesco. (PIUS UTOMI EKPEI / AFP)
La forêt est traversée par une rivière où, selon les croyances des Yorubas, vit la déesse Osun, l’une des plus populaires et des plus vénérées des divinités orishas, qui représentent les forces de la nature. Au cœur de la végétation, de nombreux sanctuaires, deux palais, cinq lieux saints et neuf lieux de culte ont été disposés tout au long des rives. Ces quarante dernières années, de multiples sculptures et œuvres d’art ont été érigées en l’honneur de la déesse. (PIUS UTOMI EKPEI / AFP)
Les Yorubas pratiquent de nombreux rituels religieux fondés sur le culte des divinités orishas, malgré la forte implantation de l’islam et du christianisme dans le pays. Les plus célèbres sont Olorun (dieu du Ciel), Exu (messager des mondes matériel et spirituel), Ogun (dieu du Fer), Obatala (esprit de la Justice), Yemonja (divinité protectrice des femmes), Ọya (gardien des morts), Orunmila (esprit de la divination), Ibeji (esprit des jumeaux), Ọsanyin (esprit de la médecine), Sango (esprit de l’orage), Ochosi (esprit de la chasse) et Ọsun (déesse de la féminité, de la fertilité, de la beauté, de l'amour, protectrice des mères et des enfants et maîtresse des eaux douces). (PIUS UTOMI EKPEI / AFP)
L’histoire de cette forêt est intimement liée, à partir des années 1950, à une aventurière et artiste autrichienne, Suzanne Wenger. Elle épousa un prêtre yoruba et consacra jusqu’à sa mort en 2009, son temps à restaurer les sanctuaires, défendre la forêt et la culture des Yorubas. En 2007, un film lui a été consacré "La dame d'Osogbo". (PIUS UTOMI EKPEI / AFP)
De nombreux artistes nigérians contemporains et étrangers participèrent à cette aventure. Et au début des années 1960, Suzanne Wenger avec des artistes yorubas créa le mouvement du "Nouvel Art Sacré". Aujourd’hui, ces sculptures modernes côtoient sans aucun problème les œuvres issues de la tradition. (PIUS UTOMI EKPEI / AFP)
La restauration de ce lieu lui a donné un second souffle. Osun-Oshogbo est devenue un symbole de l’identité yoruba pour la diaspora. Les œuvres ici créées ne le sont pas pour glorifier les artistes, mais pour souligner le caractère sacré de la forêt. (PIUS UTOMI EKPEI / AFP)
Chaque été depuis plus de trente 30 ans, un pèlerinage se tient dans la forêt. Les fidèles font des offrandes pour demander un enfant, avoir un métier, gagner de l’argent ou réaliser un rêve. Ce festival fait de processions et de fêtes se déroule au bord de l’eau, où des milliers de personnes honorent la déesse Osun. Cette tradition toujours en évolution, permet de recréer les liens mystiques entre le peuple, le roi et la déesse. (PIUS UTOMI EKPEI / AFP)
Mais le nombre de touristes et de pèlerins augmente chaque année. "La forêt est devenue vulnérable au trop grand nombre de visiteurs et aux pressions qu’ils exercent, susceptibles de fragiliser l’équilibre entre la configuration naturelle et la population, nécessaire pour préserver au site ses qualités spirituelles", déclare l’Unesco. (PIUS UTOMI EKPEI / AFP)
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