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La consommation de drogue gagne du terrain en Afrique de l'Ouest

Article rédigé par Laurent Filippi
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1min

Des études confirment l'augmentation des consommateurs de drogue en Afrique de l'Ouest, notamment au Nigeria, qui doit faire face à un fléau grandissant.

Le programme de recherches ENACT pour lutter contre les criminalités en Afrique, financé par l'Union européenne et mis en œuvre dans le cadre d’un partenariat avec Interpol, indique que le nombre de consommateurs de drogues illégales ou d’opioïdes sur ordonnance à des fins autres que médicales, a triplé au cours des dernières décennies en Afrique de l’Ouest. Et selon le rapport 2019 de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), la consommation de drogues est deux fois supérieure à la moyenne mondiale au Nigeria. Le pays est devenu la nouvelle plaque tournante du commerce de stupéfiants du continent.

Le nombre d’usagers de toutes les drogues dans le monde a augmenté de 30% en une décennie. Même si le cannabis reste la drogue le plus largement répandue, le nombre de consommateurs d’opioïdes a progressé de 50%. Ce sont des substances d'origine naturelle, comme l'héroïne ou l'opium, ou de synthèse, comme les antidouleurs de type Tramadol.      (PIUS UTOMI EKPEI / AFP)
La consommation de drogue en Afrique, qui n'est pas épargnée par ce fléau, va doubler d'ici les trente prochaines années, indiquent les experts. L'Afrique subsaharienne sera la plus touchée. Et le continent devrait devenir le numéro un dans le commerce mondial des drogues. Plus de la moitié des toxicomanes se trouvent en Afrique de l'Ouest, alors que seuls 30% des Africains vivent dans cette partie du continent. Près de 200 000 personnes y consomment de la cocaïne et à peu près autant de l'héroïne.      (NEXT24ONLINE/NURPHOTO/AFP)
D'après l'étude intitulée "Demande et utilisation de drogue en Afrique", publiée en septembre 2019 par l'ENACT, "la quantité d’amphétamines, de cocaïne, d’opiacés et d’opioïdes sur ordonnance à des fins non médicales, demandée par les Ouest-Africains, devrait plus que doubler d’ici à 2050, passant d’environ 185 tonnes en 2018 à 430 tonnes".       (ISSOUF SANOGO / AFP)
Les autorités nigérianes s'inquiètent de la montée de cette consommation de stupéfiants principalement chez les jeunes. Les hommes sont plus nombreux que les femmes à en consommer. Au Nigeria en 2017, trois consommateurs sur quatre étaient des hommes, contre deux sur trois dans le monde.    (PIUS UTOMI EKPEI / AFP)
Le nombre de consommateurs âgés de 15 à 64 ans est estimé à 14,3 millions de personnes, sur une population proche de 200 millions, selon l'enquête de l'ONUDC. Un drogué sur cinq s’injecte le produit par intraveineuse. Un taux quatre fois supérieur au reste de l’Afrique. L’âge moyen de la première consommation d’héroïne est de 22 ans.      (MUJAHID SAFODIEN / AFP)
L'utilisation non médicale d'opioïdes sur ordonnance, principalement le Tramadol et dans une moindre mesure la codéine, est aussi en nette progression, selon cette même enquête. Et ce, malgré les très faibles dépenses de santé par habitant au Nigeria. 4,6 millions de personnes les ont utilisés en 2019. Le pays est aussi une nouvelle plaque tournante de la "Meth" (méthamphétamine), précise franceinfo Afrique.        (ISSOUF SANOGO / AFP)
Mushin, un quartier pauvre et violent de Lagos, est depuis longtemps abandonné par la police. Ici, toutes les drogues sont disponibles. Herbe, crack et bouteilles de codéine circulent aussi vite que les armes à feu. Le pasteur Keji Hamilton, ancien toxicomane et ex-musicien de Fela Kuti le roi de l'afrobeat, y maraude tous les jours. Après avoir suivi des formations en psychologie et en affaires sociales, il a ouvert un centre de désintoxication professionnel. Il est fier et se réjouit d'avoir "sorti entre 80 et 120 jeunes de la drogue". Il déclare à l'AFP : "Aujourd'hui au Nigeria, la drogue est devenue le problème N°1 et le gouvernement ne s'y intéresse pas."    (PIUS UTOMI EKPEI / AFP)
En Afrique de l’Ouest, entre un et deux millions de toxicomanes risquent de développer des troubles physiques et psychiques liés à l’usage de drogues. Si au Nigeria, 40% des consommateurs à haut risque nécessitent un traitement, ils n’y ont pas accès en raison du coût des soins et de la stigmatisation associée à ce type de problème. De nombreuses familles se tournent alors vers des soins traditionnels ou religieux. Un homme raconte : "Il y a deux jours, ma mère voulait m'emmener dans un camp de son Eglise Mountain of  Fire pour me soigner... mais je suis trop faible ! Une semaine de prières et de jeûne, ça va me tuer. (…) Moi, tout ce dont j'ai besoin, c'est de médicaments et de pouvoir dormir."      (PIUS UTOMI EKPEI / AFP)
En novembre 2019, Human Rights Watch a dénoncé les mauvais traitements et les sévices que les patients subissent dans ces centres de réadaption tenus par des organisations religieuses, islamiques ou chrétiennes. L'ONG a regretté le manque de structures compétentes au Nigeria qui "compte moins de 300 psychiatres pour une population proche de 200 millions d'habitants". Le président Muhammadu Buhari a déclaré qu'il ne "tolérerait pas l'existence de ces chambres de torture au nom de la réadaptation".       (CAPTURE D'ECRAN HRW)

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