Nigeria: le pétrole, un cadeau empoisonné qui fait des ravages
C’est une région victime de ses propres richesses. Le delta du Niger, dans le sud du Nigéria, continue d’être empoisonné par des centaines de fuites de pétrole déversé par la compagnie anglo-néerlandaise (Shell) et le géant italien de l’énergie (Eni). Cinq cent cinquante fuites ont été enregistrées rien qu’en 2014. C’est l’équivalent de 30.000 barils ou cinq millions de litres de pétrole.
Amnesty International dénonce régulièrement «le coût humain terrifiant» de cette tragédie qui condamne des gens à vivre «dans un environnement pollué tous les jours de leur vie»
Des décennies de pollution
Après des décennies de pollution dans l’indifférence générale, le géant pétrolier Shell s’est finalement engagé à verser 70 millions d’euros à des pécheurs nigérians de la communauté de Bodo dévastée par les fuites de pipeline en 2008. Ils avaient entrepris une action en justice en Grande Bretagne, avec l’aide d’un cabinet d’avocats londoniens.
Il aura fallu six ans pour que la compagnie anglo-néerlandaise prenne l’affaire au sérieux et reconnaisse l’ampleur de la catastrophe. Shell a accepté de payer pour éviter un procès retentissant annoncé pour Mai 2015.
Les victimes individuelles, évaluées à 16.500 personnes, des fermiers et des pêcheurs pour la plupart, recevront 45 millions d’euros. La communauté Boko recevra 25 millions d’euros pour les dommages subies par l’agriculture et la pêche, ses principaux moyens de subsistance.
Une première victoire saluée par Amnesty International. Mais toutes les ONG qui ont suivi cette procédure judiciaire estiment que justice ne sera pleinement rendue que «lorsque Shell aura correctement nettoyé les ruisseaux et marais fortement pollués par son pétrole». C’est une clause de l’accord passé avec les victimes.
25 à 30 ans pour dépolluer le delta du niger
Le delta du niger, un million d’habitants, a subi une pollution colossale ces 50 dernières années. Entre 9 et 13 millions de barils y ont été déversés. Un désastre écologique pour les populations. Selon un rapport publié en 2011 par le programme des Nations unies pour l’environnement, des familles dans cette zone boivent de l’eau provenant de puits contaminés par du benzène à un niveau 900 fois supérieur à ce que préconise l’Organisation mondiale de la santé (OMS). L’impact sur les mangroves a été désastreux. Une odeur infecte imprègne l’air pollué.
Les compagnies pétrolières attribuent la grande majorité des fuites à des saboteurs et des voleurs. Une affirmation contestée par la population et les organisations non gouvernementales.
Amnesty International appelle le géant pétrolier Shell à mettre la main à la poche pour «nettoyer les dégâts qu’il a causés dans le delta du Niger». La compagnie pourrait recevoir d’autres demandes de réparation.
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