L'Ouganda donne un tour de vis aux médias en ligne
Les internautes qui produisent du contenu destiné à un public devront aussi obtenir une autorisation auprès de l'organe en charge de la régulation des télecommunications en Ouganda.
Diffuser des données ou des émissions en ligne est désormais soumis à autorisation en Ouganda. La mesure est largement critiquée à l'approche du scrutin présidentiel de 2021, car même les particuliers seront obligés de se manifester auprès de l'Ugandan Communication Commission (UCC), la structure en charge de réglementer le secteur des télécommunications dans le pays.
Un rappel a été publié la semaine dernière par l'UCC, qui fixe au 5 octobre 2020 la date butoir pour se conformer à la mesure. L'"avis public" vise à "informer toutes les personnes qui offrent actuellement ou envisagent de commencer à fournir des services de communication et de diffusion de données en ligne, y compris, mais sans s'y limiter, les blogs (...)" de la necessité "d'obtenir l'autorisation de l'UCC avant de fournir ces services au public".
"Il est donc conseillé à toutes les personnes engagées dans la fourniture des services susmentionnés de régulariser leurs opérations en obtenant l'autorisation nécessaire de l'UCC d'ici le 5 octobre 2020", poursuit le document.
Outre les médias, les internautes qui bénéficent d'une audience sur la Toile, notamment par le biais des réseaux sociaux, sont ainsi concernés par cette nouvelle directive. Selon l'UCC, rapporte le journal ougandais The Independant, "toute page de média social utilisée pour transmettre du son, de la vidéo ou des données destinées à être reçues de façon simultanée par le public devra obtenir une autorisation en tant que (diffuseur)".
Contrôler tous les contenus disponibles en ligne
Le dispositif est perçu en Ouganda et par les organisations de défense de la liberté de la presse comme un recul. Le député ougandais Leandro Komakech, toujours selon The Independant, considère que l'UCC "outrepasse son mandat" avec une mesure qui frappe également les utilisateurs des réseaux sociaux.
"L'autoritarisme de l'UCC aura un effet négatif sur la qualité de l'engagement et de la participation aux affaires publiques et au processus démocratique dans le pays", a estimé pour sa part Catherine Anite, fondatrice et directrice exécutive de Freedom of Expression Hub, une ONG basée en Ouganda qui défend la liberté d'expression en Afrique de l'Est.
Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) s'est dit "profondément préoccupé" par cette démarche en s'appuyant sur les conséquences négatives de semblables directives en Ouganda et dans la région.
#Uganda: @pressfreedom is deeply concerned by the @UCC_Official directive for “online data communication and broadcasting services”providers to register by Oct 05. Based on past & regional experience, this will be used against the #FreePress
— CPJ Africa (@CPJAfrica) September 9, 2020
(A THREAD)
https://t.co/71br7k5y1P
Après avoir émis une règle similaire en 2018, rapporte la section Afrique du CPJ, l'UCC avait tenté de suspendre des médias par le biais de leurs fournisseurs d'accès, qui ne s'étaient pas signalés auprès d'elle.
La nouvelle mesure intervient alors que la commission électorale a annoncé en juin 2020 que des campagnes virtuelles seraient privilégiées en Ouganda dans le cadre de la lutte contre le Covid-19.
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