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Algérie: cinq anciens généraux écroués pour corruption
A moins de sept mois de l’élection présidentielle, l’armée algérienne reste dans le collimateur de la justice et du chef d’état-major Ahmed Gaïd Salah. Cinq généraux, récemment limogés de hautes fonctions dans la hiérarchie militaire, ont été placés en détention provisoire pour des malversations présumées.
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Sous couvert d’«opération mains propres» consécutive à l’affaire Kamel Chikhi dit «le boucher» et la saisie de 700 kilos de cocaïne le 29 mai 2018 à Oran, la plus vaste épuration au sommet de l’Armée nationale populaire se poursuit à Alger.
«Biens mal acquis et corruption»
Le général Menad Nouba, ex-commandant de la Gendarmerie nationale, les généraux Habib Chentouf, Saïd Bey et Abderrazak Chérif, anciens chefs de régions militaires, et le général Boudjemaâ Boudouaour, ex-directeur des Finances au ministère de la Défense ont comparu le 14 octobre 2018 devant un juge d'instruction du tribunal militaire de Blida, à 50 km au sud d'Alger.
A l'issue de cette comparution, la justice a décidé de les placer en détention provisoire. Une des sources sécuritaires à Alger a confirmé à l'AFP les informations données par la chaîne privée Ennahar TV, selon laquelle les cinq généraux ont été écroués «dans une affaire de biens mal acquis et de corruption».
Ennahar TV appartient au plus important groupe algérien de médias, réputé proche de la présidence algérienne.
Selon une autre source sécuritaire à Alger, souhaitant garder l’anonymat, les généraux ont été auditionnés «pour la troisième fois en 15 jours pour le grief d'infractions aux consignes générales de l'armée» portant sur des faits de «dilapidation» de fonds publics et de «mauvaise gestion».
Une épuration sans précédent de la hiérarchie militaire
Ces cinq généraux avaient été mis à la retraite dans le cadre d'une vague de limogeages ayant touché ces trois derniers mois la haute hiérarchie militaire algérienne.
Selon Ennahar TV, leurs passeports leur avaient été retirés en septembre par le même tribunal militaire qui leur avait interdit de quitter le territoire algérien.
Parmi les autres gradés limogés, figuraient également les chefs d'état-major de l'armée de Terre, de l'armée de l'Air, des Forces de défense aérienne du territoire, le patron de la Direction centrale de la Sécurité de l'Armée (DCSA, renseignements) et le Contrôleur général de l'Armée (CPA).
Ces limogeages de hauts-gradés de l'armée – longtemps considérée «faiseuse de rois» en Algérie – avaient suscité de nombreuses questions à huit mois de la présidentielle de 2019, marquée par l'incertitude autour de la candidature du président Bouteflika, 81 ans et affaibli, à un 5e mandat.
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