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Bénin : un juge dénonce des pressions politiques à quelques jours de l’élection présidentielle

Un juge de la Cour de la répression des infractions économiques dénonce l’instrumentalisation politique de la justice et s’enfuit du pays par crainte de représailles.

Article rédigé par franceinfo Afrique avec AFP
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Publié
Temps de lecture : 3min
Patrice Talon, président de la République du Bénin, candidat à un second mandat pour les élections présidentielles du 11 avril 2021. Ici au siège de la présidence, le 1er août 2020, jour de l'indépendance du pays.
 (YANICK FOLLY / AFP)

Un juge de la Cour de la répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) a quitté ses fonctions et fui le pays, dénonçant des pressions du pouvoir, à quelques jours de l'élection présidentielle au Bénin. "Le juge que je suis n'est pas indépendant", affirme Essowé Batamoussi dans une interview diffusée par RFI le 5 avril 2021. "Toutes les décisions que nous avons été amenés à prendre l'ont été sur pression, y compris celle qui a vu le placement de madame Reckya Madougou en détention", explique le juge en charge du dossier de cette opposante, incarcérée début mars et accusée d'avoir "planifié des exécutions en série de personnalités politiques". 

"Nous avons été sollicités par la chancellerie car le dossier ne comportait aucun élément qui pouvait nous décider à la mettre en détention"

Le juge Essowé Batamoussi

à RFI

Une justice instrumentalisée 

"Ce n’était pas la première fois. Il y a eu pas mal de dossiers où nous avons reçu des instructions de la chancellerie", poursuit Essowé Batamoussi, indiquant qu'il souhaite "aider les collègues qui sont sous pression et amener le peuple à savoir qu'ils n'agissent pas de leur plein gré."

La Criet, cour spéciale mise en place par le président béninois Patrice Talon, est accusée par ses détracteurs de servir d'instrument judiciaire pour museler l'opposition.

Sébastien Ajavon, important opposant arrivé troisième lors de la précédente présidentielle, a été condamné en 2018 par la Criet à vingt ans de prison pour trafic de drogue. Il a été à nouveau condamné début mars 2021 par contumace à une deuxième peine de cinq ans de prison ferme pour "faux, usage de faux et escroquerie". Il vit actuellement en exil, comme la grande majorité des opposants de poids.

Dérive autoritaire

Le Bénin votera le 11 avril 2021 pour une présidentielle qui s'annonce donc sans surprise. Le président Patrice Talon, accusé d'avoir verrouillé le scrutin, fera face à deux candidats de l'opposition quasiment inconnus et sans aucun poids politique.

Huit opposants béninois, dont les dossiers de candidature à l’élection présidentielle du 11 avril avaient été rejetés par la Commission électorale nationale autonome, ont été définitivement écartés du scrutin par la Cour constitutionnelle, a-t-on appris le 22 février 2021 de cette institution judiciaire.

Ce petit pays ouest-africain, longtemps vu comme un précurseur et un modèle de démocratie, a pris récemment un virage autoritaire. Aucune grande figure de l'oppositon ne participera au scrutin présidentiel.

Au moment de son élection en 2016, M. Talon avait affirmé vouloir effectuer un unique mandat, avant de se rétracter et d'annoncer sa candidature mi-janvier à la présidentielle du 11 avril.

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