Centrafrique : un premier convoi d'aide alimentaire arrive dans la capitale après 50 jours de blocus rebelle
Le blocus de Bangui semble levé. Cela faisait des semaines que les groupes rebelles emmenés par l’ancien président François Bozizé tentaient de bloquer l'approvisionnement de la capitale.
Un premier convoi de 14 camions d'aide humanitaire de l'ONU est arrivé à Bangui le 8 février sous escorte des Casques bleus, après 50 jours d'un blocus de la capitale centrafricaine par des groupes armés rebelles. Aucun des 1 600 camions bloqués à la frontière camerounaise, qu'il s'agisse d'aide humanitaire ou de marchandises, n'avait atteint Bangui depuis l’offensive rebelle du 19 décembre 2020 qui visait à renverser le président Faustin Archange Touadéra. La quasi-totalité des marchandises importées du pays, totalement enclavé, arrive par la route depuis le Cameroun. Bangui n'a pas connu de pénurie grave, mais les prix des denrées de base y ont considérablement augmenté. Selon le Bureau de coordination des Affaires humanitaires des Nations unies (Ocha), 500 camions d'aide humanitaire sont bloqués à la frontière avec le Cameroun.
Interrogé par l'AFP, le porte-parole de la Minusca, Vladimir Monteiro, n'a pas précisé si l'acheminement de ce convoi avait été permis grâce à la présence de Casques bleus et leur protection ou avec l'accord des rebelles.
Un Etat centrafricain déliquescent
Ces derniers mois, les rebelles n'ont jamais réussi à s'approcher de Bangui, à l'exception de deux attaques aux portes de la capitale le 13 janvier, vite repoussées. Ils se heurtent à des forces bien mieux armées et équipées : quelque 12 000 Casques bleus de la force de maintien de la paix de la Minusca, présents depuis 2014, mais aussi des centaines de militaires rwandais et paramilitaires russes dépêchés fin décembre par leurs pays à la rescousse du président Touadéra et d’une armée centrafricaine démunie.
Une semaine avant les élections présidentielle et législatives du 27 décembre 2020, six des dix groupes armés qui occupent les deux-tiers de la Centrafrique ont formé la Coalition des patriotes pour le changement (CPC) et ont lancé une offensive dans le but d'empêcher la réélection du chef de l'Etat. Celui-ci a finalement remporté un nouveau mandat présidentiel au terme d'un scrutin extrêmement contesté, lors duquel les deux tiers des Centrafricains n'ont pas eu la possibilité de se rendre aux urnes en raison de l'insécurité.
"Asphyxier" Bangui
Grâce à des attaques éclair, les rebelles s'emparent pour quelques jours de villes souvent éloignées de Bangui, en particulier le long de l'axe routier vital entre la capitale et Garoua-Boulaï, le principal poste-frontière camerounais. Ils tentent ainsi "d'asphyxier" Bangui, selon l'ONU, en menant des raids, souvent fugaces, le long de plus de 700 km de ces routes nationales.
Bangui et la Minusca ont annoncé avoir repris début février aux rebelles plusieurs de ces bourgades. La dernière en date est Bossemptélé, à 288 km au nord-ouest de la capitale.
Le pays connaît depuis des années un chaos indescriptible et une économie totalement désorganisée. Les principaux produits d’exportation – bois, or, diamants – voient leur exploitation arrêtée ou sont accaparés par les différentes factions. Même l’activité agricole est impactée. Près de trois millions de Centrafricains, sur une population de 4,6 millions d'habitants, "auront besoin dans les mois à venir d'assistance humanitaire et de protection dont près des trois-quarts ont des besoins aigus. En d'autres termes, la survie physique et morale de 1,9 millions de personnes, 39% de la population, est en danger", écrit la coordination humanitaire des Nations unies (Ocha) sur son site internet.
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