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Djibouti: la Chine dément avoir blessé des pilotes américains de Camp Lemonnier

La Chine a dénoncé le 4 mai 2018 des «accusations arbitraires» des Etats-Unis attribuant à des ressortissants chinois la responsabilité de blessures légères infligées à des pilotes américains en vol autour de leur base à Djibouti. Convaincu que ses pilotes ont été victimes d’une attaque au laser, le Pentagone a qualifié ces incidents «de faits très sérieux».
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Le Secrétaire américain à la Défense, James Mattis (G), est accueilli par le général Thomas Waldhauser (D), des Marines américains, à son arrivée au camp Lemonnier à Ambouli, Djibouti, le 23 avril 2017.  (JONATHAN ERNST/POOL/AFP)

Même si les faits remontent maintenant à plusieurs semaines, le ministère américain de la Défense a indiqué le 3 mai 2018 s’être plaint formellement et avoir exigé de Pékin une enquête sur des blessures légères infligés à des pilotes américains en vol autour de la base américaine de Camp Lemonnier, à Djibouti.

Une attaque au laser à forte puissance 
«Il s'agit de faits très graves», a expliqué la porte-parole du Pentagone, Dana White, ajoutant que «cette pratique pose un véritable risque à nos aviateurs». Elle a indiqué qu’il s’agissait d’une attaque au laser à forte puissance et s’est dite «convaincue» que le ou les responsables ayant pointé ces lasers étaient chinois.
 
Les deux pilotes d'un avion de transport C-130 ont subi des blessures légères aux yeux lorsqu'ils s'apprêtaient à atterrir sur la base américaine de Djibouti, a précisé de son côté à l'AFP une autre porte-parole, Sheryll Klinkel.
 
D’autres responsables américains avaient également déclaré au quotidien Wall Street Journal que le laser provenait probablement de la base chinoise.

La seule base militaire de Pékin à l'étranger 
Située au niveau de l'aéroport international de Djibouti, petit pays côtier de la Corne de l'Afrique, la base de Camp Lemonnier est une installation américaine permanente sur le continent africain. Une autre base américaine est installée à Agadez au Niger pour mener des opérations avec des drones dans le Sahel.

La base du Camp Lemonnier, elle, est officiellement utilisée pour des opérations antiterroristes en Afrique de l'Est et au Yémen. Mais en 2017, la Chine a ouvert à son tour une base militaire à Djibouti, à quelques kilomètres de celle des Etats-Unis. Il s'agit de la seule dont Pékin dispose à l'étranger.
 
«Après une enquête minutieuse, la Chine a fait part de façon claire et nette à la partie américaine que ses pseudo-accusations ne correspondaient pas à la réalité», a réagi le lendemain Hua Chunying, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.
 
«Les personnes concernées côté américain devraient veiller à la véracité de leurs propos et ne pas émettre de conjectures et d'accusations arbitraires», a-t-elle souligné lors d'un point presse.
 
Crispation croissante entre Washington et Pékin
Une passe d’armes somme toute bénigne, mais révélatrice de la crispation croissante des relations entre les deux puissances sur le continent. En renforçant son hégémonie commerciale en Afrique d’une présence militaire, la Chine a en effet accentué les inquiétudes de Washington.
 
En tournée africaine en mars 2018, l’ancien secrétaire d’Etat Rex Tillerson avait donné le ton, avant d’être congédié par Donald Trump. Dénonçant l’influence chinoise sur le continent, il avait appelé les dirigeants africains à faire preuve de beaucoup plus de prudence dans leurs accords de partenariat avec la Chine.
 
«Ils ne créent pas assez d'emplois, localement, ne forment pas assez les gens pour qu'ils participent davantage à l'économie de leur pays dans le futur. Et souvent le modèle de financement est fait d'une telle manière que lorsque le pays a des difficultés financières, il perd le contrôle de ses propres infrastructures, de ses propres ressources», avait mis en garde Rex Tillerson.

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