Egypte : le président Sissi prépare son maintien au pouvoir jusqu’en 2034
Une centaine de députés égyptiens ont déposé un projet d’amendement de la Constitution pour permettre au président Abdel Fattah al-Sissi de se représenter à une élection au terme de son deuxième mandat en 2022. Les nouvelles dispositions devraient le maintenir au pouvoir 12 années de plus et renforcer son contrôle sur l’appareil judiciaire.
Déposé le 3 février 2019 auprès du président de la Chambre Ali Abdel Aal, le texte demande plusieurs modifications de la Constitution, dont l'une portant sur la durée du mandat présidentiel, actuellement limité à deux fois quatre ans.
La durée actuelle du mandat n'est pas "appropriée"
Les élus souhaitent qu'il soit désormais de deux fois six ans. Une "clause" transitoire remettrait le compteur des mandats à zéro et permettrait à Abdel Fattah al-Sissi de se représenter à une élection présidentielle encore deux fois après 2022.
La durée actuelle du mandat "n'est pas vraiment appropriée, étant donné la réalité et la conjoncture du pays et de la région", a expliqué un communiqué publié sur le site internet du Parlement.
De source parlementaire, Ali Abdel Aal a reçu "une demande d'un cinquième des élus (120 députés sur un total de 596) pour modifier certains articles de la Constitution", soit le quorum nécessaire pour une telle requête.
Parmi les modifications proposées, le président se verrait également octroyé le pouvoir de désigner des juges du siège et des magistrats du parquet.
Les amendements prévoient enfin la création d'une seconde chambre au Parlement, le Conseil des sénateurs, dont le président pourrait désigner un tiers des 250 membres.
Ancien chef de l'armée, Abdel Fattah al-Sissi a été élu une première fois en 2014, après la destitution de son prédécesseur islamiste Mohamed Morsi l'année précédente. Il a été réélu en mars 2018 avec plus de 97% des voix.
"Un coup d'Etat contre la Constitution égyptienne"
La très grande majorité du Parlement actuel soutient le gouvernement. Seul un groupe d'une dizaine de parlementaires se présente comme étant d'opposition, mais leur poids n'est pas suffisant pour se faire entendre.
Certains de ces opposants ont expliqué le 4 février 2019 devant la presse que cette réforme constitutionnelle remettait en cause tous les principaux gains hérités du soulèvement populaire qui avait conduit à la chute et à la fuite de l'ancien dictateur Hosni Moubarak en janvier 2011.
Un député de gauche, Haitham al-Hariri, a déclaré à Reuters que les projets d'amendement étaient "un coup d'Etat contre la Constitution égyptienne". "Nous sommes naïfs de penser qu'ils allaient seulement reporter la limite du nombre de mandats présidentiels", a-t-il expliqué.
L'opposition estime que l'ancien général, âgé de 63 ans, conduit l'Egypte vers un régime plus autoritaire que celui d'Hosni Moubarak.
Les groupes de défense des libertés publiques font valoir, eux, que les opposants politiques et les journaux critiquant le pouvoir sont muselés. La justice, ajoutent-ils, a prononcé des centaines de condamnations contre des membres de l'opposition.
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