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Francophonie: pourquoi la France soutient le Rwanda

Ce jeudi 11 octobre débute officiellement le 17e congrès de la Francophonie à Erevan, en Arménie. Le 12 se déroulera l’élection de la nouvelle secrétaire, à huis clos. Mais le résultat est sans surprise. La Rwandaise Louise Mushikiwabo sera élue. Pourtant, elle est citoyenne d’un pays où l’anglais est la seule langue de l’enseignement et de l'administration.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Emmanuel Macron et Paul Kagame. En arrière-plan, Louise Mushikiwabo à New-York, le 25 septembre 2018, lors de l'Assemblée générale de l'ONU. (Ludovic MARIN / AFP)

Fin d’un psychodrame qui a failli briser la traditionnelle unanimité qui prévaut pour le choix du représentant de l’Organisation internationale de la Francophonie. Retour également à la tradition qui veut que le poste échoit à un Africain.

Exit donc Michaëlle Jean la Canadienne, actuelle secrétaire générale. Elle aurait bien aimé faire un second mandat, mais Paris en a jugé autrement. Il fallait aux yeux d’Emmanuel Macron offrir le poste à un, ou une Africaine. Car c’est sur le Continent que se joue l’avenir du français et accessoirement l’avenir de l’influence française… Selon un diplomate cité par Jeune Afrique, Emmanuel Macron «est convaincu que, si elle n’est pas portée par une voix africaine, la Francophonie ne sera plus pertinente.»
 
Eté 2018, les jeux sont faits. La France soutient la candidature de Louise Mushikiwabo. Surprise, elle est rwandaise, et proche du président Paul Kagame, pourtant en froid avec Paris depuis qu’il est au pouvoir. Car Paul Kagame accuse la France d’avoir une responsabilité dans le génocide de 1994.

Le choix passe mal de l’autre côté de l’Atlantique. Dans un premier temps, les Premiers ministres canadiens et québécois soutiennent leur compatriote. Finalement, à quelques jours du congrès, «Ottawa largue Michaëlle Jean», comme l’écrit le site canadien Le Devoir. Le premier ministre du Québec, François Legault enfonce le clou.

 

Pourtant, Louise Mushikiwabo participe depuis 2008 au gouvernement de son pays. En tant que ministre de l’Information puis des Affaires étrangères, elle cautionne le choix du Rwanda de retenir l’anglais comme la langue de l’enseignement et de l’administration. Embarrassant pour la future représentante de la Francophonie!

Embarrassante aussi la réputation du régime Kagame. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la démocratie ne souffle pas sur le Pays des mille collines. «Louise Mushikiwabo n’incarne pas les valeurs de la Francophonie et sa désignation serait une grande erreur de casting lourde de conséquences», écrit le site Contrepoints.

Michaëlle Jean secrétaire générale de la francophonie (AFP)

A l’inverse, Monde Afrique dresse un portrait au vitriol de Michaëlle Jean et de son «bilan calamiteux». Ottawa finit donc par «lâcher» sa candidate dans un étrange pari pour l’avenir, croit savoir Le Devoir. En fait, il s’agit  d’obtenir le soutien des pays africains à la candidature du Canada au Conseil de sécurité de l’ONU. 54 votes qui peuvent compter dans…trois ans.
 
Mais l’enjeu est bien plus grand. L’OIF doit sceller la réconciliation du Rwanda et de la France, et tourner la page de l’accusation sur le génocide. Puisque l’Union Africaine – présidée par Paul Kagame – soutient la candidature de Louise Mushikiwabo, Paris se rallie à ce choix. Cela ne plait pas à tout le monde sur le Continent. Alex Kipré, écrivain et éditeur ivoirien, journaliste au quotidien gouvernemental Fraternité Matin, «déplore que cela soit encore l'extérieur qui nous dicte nos lois» rapporte l’AFP. «Ca fait Françafrique» ajoute le journaliste.

En tout cas, Paul Kagame est devenu l’homme incontournable de l’Afrique de l’Est.


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