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Kenya : Odinga dénonce une élection manipulée

Les Kenyans étaient appelés à voter mardi 8 août. Devant les bureaux de vote, les électeurs étaient nombreux et prêts à attendre plusieurs heures pour voter. Dès l’annonce des premiers résultats, le candidat de l’opposition Raila Odinga a dénoncé des fraudes massives.
Article rédigé par Charles Bonnaire
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Des policiers dispersent les manifestants à Nairobi après les résultats partiels, le 9 aout 2017. (REUTERS/Thomas Mukoya)

Dès l’ouverture des bureaux de vote, des images des Kenyans faisant la queue pendant plusieurs heures ont été diffusées sur les réseaux sociaux. Du fait de l’affluence record, certains bureaux de vote ont du rester ouverts après la fermeture prévue à 17h.  
 
C’était presque évident. Depuis l’assassinat de Chris Msando, un membre de la commission électorale (IEBC) en charge du système informatique, les accusations de l’opposition se dirigeaient vers le clan du président Kenyatta. Ce dernier aurait cherché à manipuler les voix.

The fraud Jubilee has perpetuated on Kenyans surpasses any level of voter theft in our country's history. This time we caught them.  
Les résultats sont sans appel, Uhuru Kenyatta semble devoir être reconduit dans ses fonctions. Sur près de 15 millions de suffrages exprimés, le président sortant obtient 54% des voix contre 45% pour Odinga, les autres candidats se partageant les miettes.
 
Selon la loi électorale, la commission a sept jours pour proclamer les résultats officiels. Sur internet circulait l'information que les résultats définitifs seraient publiés dans la soirée du 9 août, ce que l'IEBC a démenti rapidement sur son compte Twitter.


Le dépouillement à peine entamé, Raila Odinga a accusé le président Uhuru Kenyatta d’avoir manipulé le système informatique. De son côté, la commission électorale, l’IECB a démenti les fraudes.

 
Mercredi 9 août, dans un communiqué, le parti de Raila Odinga, l’alliance NASA, accuse ses opposants d’avoir leurs entrées au sein de l’IEBC. Selon lui, les identifiants de Chris Msando ont été utilisés le mardi 8 août à 12h37, pendant le vote. Quand le corps de Chris Msando a été retrouvé, les médecins ont noté des marques de torture. Si ces codes ont été volés, ce serait, insinue Odinga, à ce moment précis.
 
Le communiqué donne le détail, minute par minute, des actions dans le système informatique. Après avoir introduit plusieurs programmes, les hackers auraient utilisés un algorithme pour créer un «écart de 11 points» entre les deux candidats. Ainsi, les résultats ont été méthodiquement manipulés. Pour prouver ses accusations, Raila Odinga a publié une liste de 50 captures d’écran des lignes de codes du système informatique. Toutefois, le candidat ne précise pas la source de ces informations. 



 
Du côté du Jubilee, le parti du président sortant Uhuru Kenyatta, la question de la fraude a été balayée. Par voie de communiqué, l’action de l’IEBC a été saluée, le parti s’est dit « satisfait que le processus (de vote) a été bien mené et a permis aux Kenyans de voter librement. (…) Le vote a été libre, équitable, transparent et crédible. »

Un supporter de l'opposition à Nairobi lors d'une manifestation pour contester les résultats partiels, le 9 août 2017. (LUIS TATO / AFP)
 

Dans la journée de mercredi, les opposants ont manifesté leur mécontentement dans les rues de Nairobi et de plusieurs villes du pays. Dans l’ouest, dans le fief de Raila Odinga, des manifestants ont été dispersés par la police à coup de gaz lacrymogène et de tirs à balles réelles. Des médias locaux (ici et ici) ont déjà rapporté la mort d’une personne.

 
Depuis le début de la campagne, les deux camps s’accusent mutuellement d’encourager la violence. Les supporters du président sortant ont même développés de véritables statégies sur internet pour attaquer Raila, à coup de montages vidéo et « fake news. »  

Avec ces scènes d’affrontement, les violences post-électorales de 2007 sont dans toutes les têtes. A l’époque, Raila Odinga avait dénoncé les fraudes de son concurrent Mwai Kibaki. S’en était suivi de nombreux affrontements ayant fait plus de 1000 morts, ainsi que plusieurs centaines de milliers de déplacés. La Cour pénale internationale a poursuivi Uhuru Kenyatta pour ces violences. Les charges ont été abandonnées, par manque de preuve.

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