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La Corée du Nord a encore des amis en Afrique

Mis au ban par l’ONU et de nombreux pays, la Corée du Nord conserve encore des relations avec certains Etats africains. Des relations qui lui permettent notamment de contourner certaines sanctions onusiennes.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié Mis à jour
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Le président de la Corée du Nord, Kim Jong-Un (6 janvier 2016) (AFP - SEUNG-IL RYU - NURPHOTO)

A Maputo, capitale du Mozambique, une avenue Kim Il Sung, fondateur de la Corée du Nord (et grand-père du Kim Jung-Un, actuel dictateur du pays), cohabite avec une avenue Mao Tsé-Toung, premier dirigeant de la République populaire de Chine. Une artère de Kampala, capitale de l’Ouganda, porte elle aussi le nom de Kim Il Sung. La preuve que les relations peuvent être florissantes entre Pyongyang et certains pays africains. A tel point que selon CNN, le dirigeant zimbabwéen Robert Mugabe aurait eu l’intention, en 2010, d’offrir... deux jeunes éléphants à son homologue nord-coréen. 

Dans certains cas, les relations remontent aux années 60 «quand la Corée du Nord fournissait une aide aux nations africaines en lutte pour leur indépendance contre des puissances coloniales européennes» (comme le Portugal), note le Washington Post. Les relations politiques se sont ensuite élargies à des relations économiques. Aux dires du Monde, «les échanges entre le continent africain et la Corée du Nord auraient atteint près de 200 millions d’euros en 2016». Un moyen de contourner les sanctions des Nations Unies.

Selon un rapport de l’ONU publié en 2017, Pyongyang a ainsi livré du matériel de transmission radio à l’Erythrée, des armes automatiques au Congo. Dans le même temps, des conseillers militaires nord-coréens travailleraient en Angola et en Ouganda. Et une cargaison de 30.000 grenades fabriquées en Corée du Nord a été saisie à bord d’un navire se dirigeant vers le canal de Suez. Les armes étaient dissimulées sous du minerai de fer destiné à l’Egypte, sans qu’on sache vraiment à quelle était leur destination finale, rapporte le journal South China Morning Post.

Cornes de rhinocéros
«La République démocratique populaire de Corée détourne les sanctions en faisant le commerce de biens prohibés avec des techniques d’évasion dont l’échelle, l’ampleur et la sophistication» s’améliorent, explique le document. Elle passerait notamment par des entreprises comme Mansudae Overseas Project et KOMID (Korea Mining Development Trading Corporation). Parmi les «biens prohibés» pourraient figurer… des cornes de rhinocéros, comme le révèle Franceinfo. Cornes qui font l’objet d’un vaste trafic en Afrique et sont parfois vendues… plus chères que l’or.

La Namibie a apparemment poussé assez loin la coopération avec le régime de Kim Jung Un, aux dires du rapport onusien. Pyongyang y aurait construit une usine de munitions et un centre de formation militaire. Windhoek «a dépensé, depuis 2002 quelque 100 millions de dollars pour la réalisation de projets nord-coréens», croit savoir le Washington Post.

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le Département d’Etat américain a publié le 4 juillet un communiqué dans lequel il explique que «tout pays qui abrite des coopérants nord-coréens, fournit des avantages économiques ou militaires (à Pyongyang) ou n’applique pas pleinement les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, aide et encourage un régime dangereux». Ce que les Américains appellent aussi un «rogue state», un «Etat voyou». Un avertissement sans frais, notamment aux Africains. Qui peut avoir un effet dissuasif venant de la première puissance mondiale...

Le Monument de la renaissance africaine à Dakar (Sénégal) (AFP - Nicolas Thibaut - Photononstop)

Apparemment, Pyongyang a aussi développé un savoir-faire pour la construction de dizaines de monuments sur tout le continent africain. Notamment des statues géantes. Exemple: «En Namibie, le Mémorial de l’indépendance ou, au Sénégal, le Monument de la renaissance africaine», rapporte Le Monde. Et le Washington Post de préciser: «Plus grand que la statue de la liberté», le monument de Dakar «montre un homme tenant un bébé dans un bras et entourant une femme de l’autre. Quand (il) a été inauguré, il a mécontenté beaucoup de monde dans ce pays à majorité musulmane. Motif: la femme était légèrement habillée»… 

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