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Libye: Amnesty international appelle à sauver les 120.000 civils piégés à Derna

En pleine offensive des forces du Maréchal Haftar contre Derna, dans l’est de la Libye, Amnesty international a lancé un appel en faveur de la population civile toujours piégée dans la ville. Assiégée depuis juillet 2017, la dernière ville de Cyrénaïque tenue par des combattants islamistes est au bord de la catastrophe humanitaire et ses habitants redoutent des combats de rue longs et meurtriers.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Des soldats de l'autoproclamée Armée nationale libyenne du maréchal Khalifa Haftar participent à un défilé militaire dans la ville orientale de Benghazi, le 7 mai 2018. Défilé au cours duquel l'homme fort de l'Est a annoncé une offensive militaire pour arracher la ville de Derna aux «terroristes». (Abdullah DOMA/AFP)

Lancée dans une offensive se voulant décisive contre le dernier bastion d’une coalition de combattants islamistes du Conseil de la Choura, rebaptisée Force de protection de Derna, l’Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Haftar affirme progresser rapidement dans la ville portuaire de l’Est libyen.
 
Les forces de Haftar avancent malgré des poches de résistance
Dans cette agglomération toujours peuplée de quelque 120.000 civils, les combats se poursuivent par intermittence avec «ce qui reste des bandes terroristes dans certaines ruelles et avenues du centre-ville», a indiqué à l’AFP le général Ahmed al-Mesmari, le porte-parole de l’ANL.
 
L’ANL «continue d’avancer malgré des poches de résistance et le recours des terroristes aux attentats suicides» pour bloquer l’offensive, a-t-il ajouté.
 
C’est justement cette avancée dans une ville assiégée depuis juillet 2017, et où les habitants se préparent à des combats de rue interminables et sanglants comme lors de la campagne de l’ANL contre Benghazi, qui inquiète Amnesty international.
 
Dans un communiqué daté du 12 juin 2018, l’ONG de défense des droits de l’Homme a appelé toutes les parties impliquées dans les combats à «ouvrir des couloirs humanitaires afin d’amener une aide impartiale et de sauver la vie des civils encore pris au piège».

Un blocus pour infliger des «souffrances inutiles» selon Amnesty
«Nous recevons des informations terribles de Derna: la ville, qui subit un siège prolongé et des combats intenses, est au bord de la catastrophe humanitaire. Un blocus est mis en place pour causer des souffrances inutiles à des hommes, des femmes et des enfants, qui se retrouvent encerclés, alors que les réserves de nourriture, d'eau et de fournitures médicales s'amenuisent et qu'ils n'ont aucun moyen d’échapper à cette situation désespérée», a déclaré Heba Morayef, directrice du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d'Amnesty International.
 
L’ONG rappelle que toutes les parties ont l’obligation «au titre du droit international humanitaire» de faciliter l’accès aux secours et de permettre aux civils de fuir les combats sans craindre «d’être victimes de détention arbitraire, de harcèlement d’intimidation et d’homicides illégaux».
 
Citant des rapports de l’ONU, Amnesty estime que les conditions humanitaires sont déjà épouvantables. L’hôpital principal de Derna signale une grave pénurie de fournitures médicales et les médecins ont prévenu qu’ils ne pourraient bientôt plus assurer des soins vitaux.
 
Amnesty met en garde l'armée de Haftar contre «des crimes de guerre»
«Le mois dernier, les forces de l'ANL surveillant le blocus ont refusé l'entrée de huit conteneurs emplis de fournitures médicales. Le principal hôpital de Derna ne peut proposer que de l'aide vitale de stabilisation, les cas non urgents étant envoyés dans des cliniques privées», a déclaré un responsable de l'hôpital.
 
«Nous sommes tous punis, estime de son côté un habitant. Nous avons été débarrassés de l’Etat islamique pour retomber dans une situation terrible. Nous voulons juste retrouver une vie normale.»
 
Les habitants de Derna ont en effet assisté en 2015 à l’éviction des combattants de l’EI de la ville par le Conseil de la choura des moudjahidines de Derna, mais pour le maréchal Haftar, ce sont tous des «terroristes» qu’il s’est juré d’écraser partout en Cyrénaïque.
 
Une autre source d’inquiétude pour Amnesty, qui estime que l’ANL est connue «pour recourir à des méthodes odieuses contre les civils – exécutions extrajudiciaires, disparitions et attaques aveugles notamment – qui font de nombreuses victimes» et dans certains cas, précise le communiqué, «constituent des crimes de guerre».

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