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Nigeria: détenu, le leader chiite Zakzaky montré à la presse comme preuve de vie
Détenu depuis plus de deux ans, le dirigeant chiite nigérian pro-iranien Ibrahim Zakzaky a fait une brève apparition publique le 13 janvier 2018. Une rencontre avec la presse, arrangée par les autorités en guise de démenti des rumeurs courant sur son état de santé, voire sa mort. Pas assez!, estime le Mouvement islamique du Nigeria, qui réclame pour son dirigeant une liberté totale.
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Arrêté en décembre 2015 à la suite d’affrontements entre ses partisans et l’armée nigériane dans la ville de Zaria, Ibrahim Zakzaky a fait, sur instigation des autorités, une première apparition publique en forme de preuve de vie.
Autorisé à rencontrer des médias triés sur le volet
Agé de 64 ans, le dirigeant du Mouvement islamique du Nigeria (MIN), un religieux chiite pro-iranien, a ainsi été autorisé à rencontrer des médias triés sur le volet selon l’opposition.
Objectif: démentir les rumeurs sur la dégradation de son état de santé, voire sa mort, qui ont circulé toute la semaine précédente, entraînant une reprise des manifestations pour réclamer sa libération.
C’est ainsi qu’Ibrahim Zakzaky et son épouse Zainab ont été vus sur un document vidéo dans les bureaux de l’agence de renseignement du Nigeria (Departement of State Services-DSS).
Le religieux y apparaît portant une minerve et marchant à l’aide d’une canne. Il a indiqué aux journalistes qu’il avait eu un accès «sévère» de la maladie dont il souffrait, mais que les symptômes avaient diminué et qu’il a avait été autorisé à voir son médecin pour la première fois. «Je suis en train d’aller mieux», a-t-il précisé.
De son côté, sa femme a raconté avoir connu «des états vraiment pires» à cause des balles de l’attaque de décembre 2015, toujours logées dans son corps. En novembre déjà, l’avocat du couple rapportait qu’elle avait énormément souffert et que sa vie était en danger si elle ne recevait pas rapidement des soins.
Des centaines de civils tués à 2015, selon Amnesty international
En effet, du 12 au 14 décembre 2015, les forces de sécurité nigérianes ont tué des centaines de civils, dont des partisans du MIN, et arrêté plus de 200 personnes dans la ville de Zaria, dans le nord du pays, d’où est originaire le cheikh Zakzaky.
Selon Amnesty international qui a dénoncé les violences, «en avril 2016, un responsable du gouvernement de l’Etat de Kaduna a admis que les corps de 347 membres du MIN ont été jetés dans une fosse commune près de Mando».
Le dirigeant du MIN, qui a perdu la vue de l’œil gauche au cours des deux jours de répression, est très populaire au sein de la communauté chiite nigériane. Une minorité évaluée à quelque 4 millions de personnes (en 2009) sur une population de 180 millions d’habitants, majoritairement chrétiens au Sud et musulmans sunnites au Nord.
Il est combattu par les autorités «en raison de ses appels à une révolution islamique semblable à la révolution en Iran», rappelle l’AFP.
Selon le site pro-iranien Al Manar, le fils du cheikh Zakzaky a pu avoir son père au téléphone. «Ils m’ont arrêté illégalement. Même leurs tribunaux ont jugé illégale leur conduite. Aucune des lois du Nigeria ne cautionnent leur comportement», lui aurait-il confié.
La police maintient Zakzaky en détention «préventive... pour son bien»
Le gouvernement a en effet refusé un ordre de la justice de libérer le couple. Selon le site Premium Times relayé par All Africa, c'est la police qui a repoussé les ordres du tribunal et déclaré qu’elle gardait le chef religieux en «détention préventive» pour son propre bien.
«L’homme est vivant, sur ses pieds, ils est frais et gaillard, il est debout et fait des choses», a déclaré un responsable du DSS. Les rumeurs sur son état de santé sont «infondées», a ajouté Nnanna Nnochiri estimant que des gens souhaitant «fomenter des troubles» dans le pays les faisaient circuler.
De son côté, le MIN affirme que l’apparition furtive de cheikh Zakzaky était bien en-deçà de ses attentes. Rappelant que sa détention avait été jugée inconstitutionnelle et constituait une violation de ses droits fondamentaux, le mouvement islamique réclame pour son dirigeant une «liberté totale et inconditionnelle telle qu’ordonnée par la haute cour fédérale d’Abuja».
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