Présidentielle au Nigeria : une campagne sous le signe de la paix
Les électeurs désigneront en février 2023 un successeur au président Muhammadu Buhari.
La course à la a présidentielle est lancée au Nigeria. L'actuel chef de l'Etat Muhammadu Buhari se retire après deux mandats, comme le prévoit la Constitution. Et pour que tout se passe au mieux, quatre des principaux candidats en lice se sont engagés à éviter toute violence durant les cinq prochains mois précédant le scrutin fixé au 25 février 2023. Ils ont adhéré à un pacte "de paix", lancé par le Comité national de la paix, une initiative privée rassemblant des responsables religieux, traditionnels et de l'opinion.
Pacte électoral
Le candidat du principal parti d'opposition, le Parti démocratique populaire (PDP), Atiku Abubakar, le candidat du parti travailliste, Peter Obi, et le candidat du New Nigerian Peoples Party, Rabiu Kwankwaso, ont tous les trois signé le document lors d'une cérémonie à Abuja fin septembre. Le candidat du parti au pouvoir, le Congrès des progressistes (APC), Bola Ahmed Tinubu, n'était pas présent à la cérémonie, mais son colistier (candidat à la vice-présidence) a signé le pacte en son nom. Le pays le plus peuplé d’Afrique a déjà connu des troubles en période électorale et le contexte actuel n’est pas favorable à une élection apaisée.
Une campagne trop longue
L'initiative ne suffira sans doute pas à apaiser les esprits dans un contexte particulièrement difficile. Le Nigeria traverse une grave crise économique depuis la pandémie de Covid-19. Elle s'est accrue avec la guerre russe en Ukraine. Outre le marasme économique, le pays souffre d'une corruption endémique qu’il n’arrive pas à endiguer et d’une insécurité généralisée. Les élections au Nigeria sont souvent une source de tension avec les malversations, les achats de voix ou bien encore l’intimidation des électeurs. La campagne durera cinq longs mois. C’est plus qu’en 2018, où elle s'était déroulée sur trois mois, et cela risque d’aggraver les divisions dans un pays extrêmement polarisé entre un Nord musulman et un Sud chrétien.
Le principe de l'alternance ignoré
L'un des sujets centraux de la présidentielle de 2023 est une spécificité nigériane : le "zonage". Selon cet accord tacite, la présidence doit s'alterner tous les deux mandats entre un candidat du Nord, majoritairement musulman, et un candidat du Sud, majoritairement chrétien. Objectif : maintenir l'équilibre dans un pays où les tensions entre communautés sont fréquentes. Or le principal parti d’opposition, le PDP, et l'APC (au pouvoir) ont ignoré ce principe en désignant l’un et l’autre des candidats musulmans après deux mandats du président Buhari. L’opposition a choisi Atiku Abubakar, originaire du Nord, et le parti au pouvoir a désigné de son côté un musulman originaire du Sud, Bola Ahmed Tinubu.
Des candidats controversés
Les candidats des principales formations politiques sont tous les deux septuagénaires, richissimes et controversés. Ils devront convaincre les électeurs d'un pays où 60% de la population a moins de 25 ans, et où l'exaspération grandit à l'égard de la vieille classe politique accusée de corruption et de mauvaise gouvernance.
Un autre candidat de l’opposition a émergé ces derniers mois. Il s'agit de Peter Obi, 61 ans, du parti travailliste. C'est un ancien gouverneur très populaire auprès de la jeunesse et qui bénéficie d'un important soutien sur les réseaux sociaux. Encore faut-il qu’il puisse mobiliser les jeunes électeurs qui boudent souvent les urnes.
Au Nigeria, la participation est généralement faible. Elle était de 33% seulement lors de la présidentielle de 2019. La politique est aussi largement conditionnée par les soutiens et les millions de dollars que les candidats peuvent investir dans une campagne. Au total, 18 candidats dont une femme se présentent pour le scrutin de 2023.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.