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Au Nigeria, le kidnapping de masse vise principalement les établissements scolaires

Plus de 1000 élèves ont été enlevés depuis le début de l’année.

Article rédigé par Eléonore Abou Ez
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Une mère embrasse sa fille le 25 juillet 2021 après sa libération avec 27 autres élèves suite à leur enlèvement dans un internat dans le nord-ouest de l'Etat de Kaduna, au Nigeria.  (AFP)

Des dizaines d'élèves enlevés début septembre ont été libérés par leurs ravisseurs dans l'Etat de Zamfara, dans le nord du Nigeria. Le rapt d'élèves et d'étudiants est devenu un fléau. Des gangs criminels sèment la terreur dans les Etats du nord-ouest et du centre du pays, où ils multiplient les kidnappings de masse pour obtenir des rançons. Plus de 1000 jeunes Nigérians ont été enlevés depuis le début de l’année et des dizaines d’entre eux restent introuvables. On fait le point sur ce phénomène grave que les autorités n’arrivent pas à endiguer.

Que se passe-t-il exactement ?

Les établissements scolaires sont une cible dans le nord et le centre du Nigeria. Internats, collèges et lycées sont régulièrement attaqués par des hommes armés qui kidnappent élèves et étudiants de tous âges et demandent des rançons en échange de leur libération. Depuis décembre 2021, plus de mille jeunes ont été victimes de kidnapping de masse et des dizaines d’entre eux sont toujours aux mains des ravisseurs. Cette pratique a commencé en 2014 avec l’enlèvement de plus de 200 adolescentes à Chibok par le groupe islamiste Boko Haram. Depuis, les kidnappings de masse se propagent en toute impunité.

Qui se trouve derrière ces enlèvements ?

Si le premier enlèvement de masse a été revendiqué par le groupe islamiste Boko Haram, les auteurs de kidnappings ne sont pas tout à fait identifiés. Les autorités nigérianes parlent de "bandits". Des gangs criminels qui ont proliféré ces dernières années dans nord-ouest du pays dans un contexte d’insécurité grandissante, comme l’explique International Crises group (ICG) (lien en anglais). Ces anciens voleurs de bétail ne semblent pas "motivés par une idéologie anti-étatique", selon le Think Tank, même si certains d’entre eux ont tissé des liens avec des groupes jihadistes. Ils sont installés dans des camps dans la forêt de Rugu qui s'étend sur les Etats de Kaduna, Katsina, Zamfara et Niger où ont lieu depuis deux ans la majorité des rapts massifs.

Quelle est la réponse des autorités ?

Suite à un énième enlèvement de masse, une nouvelle offensive militaire a été lancée début septembre dans le nord-ouest du Nigeria. Des centaines de militaires, assistés d'hélicoptères et de l'aviation, ont tenté de traquer ces gangs. Sous-financée et sous-équipée, l’armée semble incapable d’enrayer la criminalité et de mettre un terme aux enlèvements. A ce jour, la plupart des otages ont été libérés suite à un paiement de rançon, des négociations ou à des accords conclus avec les ravisseurs. Plus de 220 millions de nairas, soit l’équivalent de 4 millions d’euros, auraient été versés en rançon depuis mars 2020, selon une estimation de la société nigériane spécialisée en sécurité SBM Intelligence.

Les enlèvements de masse qui visent les établissements scolaires constituent une grave menace pour l’éducation, comme le souligne l’Unicef. Faute de protection, plusieurs écoles ou internats ont dû fermer leurs portes dans le Nord. "Même lorsque les écoles rouvrent, cela décourage les parents d'envoyer leurs enfants à l'école et laisse les enfants traumatisés et craignant d'aller en classe pour apprendre", souligne Peter Hawkins, représentant de l'Unicef au Nigeria.

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