Sahel : Macron et Issoufou tentent de mobiliser contre le jihadisme
Le président français, Emmanuel Macron, et son homologue nigérien, Mahamadou Issoufou, se sont voulus mobilisateurs le 22 décembre 2019 à Niamey (Niger) dans la lutte contre le phénomène jihadiste au Sahel.
Le président nigérien, Mahamadou Issoufou, et son hôté français, Emmanuel Macron, ont rendu hommage aux 71 militaires nigériens tués par des jihadistes en décembre, lors d'une cérémonie à Niamey le 22 décembre. Emmanuel Macron bouclait par un détour au Niger une visite de 48 heures en Côte d'Ivoire où il a acté la fin du Franc CFA qui laissera la place en 2020 à l'Eco.
Il s'est incliné devant les tombes des soldats nigériens. Et ce moins d'un mois après s'être recueilli devant les cercueils des 13 soldats francais tués au cours d'un accident d'hélicoptères au Mali, en zone de combat.
Le président français a ensuite à nouveau tenu un discours volontaire au risque d'à nouveau froisser ses alliés. "Nous sommes à un tournant de cette guerre. Il nous faut (...) redéfinir plus clairement les objectifs" à l'occasion du sommet de Pau (sud-ouest de la France) le 13 janvier 2020, a affirmé le président Macron. "Il faut définir de manière beaucoup plus claire les objectifs militaires, politiques et de développement pour les 6, 12 et 18 prochains mois", a-t-il insisté.
"Sentiments antifrançais"
"Je vois dans trop de pays prospérer sans condamnation politique claire des sentiments anti-francais Je ne peux pas accepter d'envoyer nos soldats sur le terrain dans les pays où cette demande (de présence française) n'est pas clairement assumée", a poursuivi Emmanuel Macron.
"Quand il parle de clarification, le président Macron vise IBK (Ibrahim Boubacar Keita, le président malien, NDLR) et Kaboré (Roch Marc Christian Kaboré, le président burkinabè, NDLR)", avait récemment précisé une source sécuritaire à l'AFP.
Sur la même longueur d'ondes que son homologue hexagonal, le président Issoufou a révélé que la France et les pays du Sahel lanceraient à Pau "un appel à la solidarité internationale pour que le Sahel et la France ne soient pas seuls dans ce combat". Il a rappelé que le Niger consacrait "19% de ses ressources budgétaires dans le combat contre le terrorisme", soulignant aussi que la "France emploie beaucoup de ressources".
Menace planétaire
"La menace du terrorisme est une menace planétaire, elle nécessite une riposte à l'échelle de la planète", a-t-il poursuivi. "Si les Européens ne s'engagent pas, ils auront à faire cette guerre sur leur territoire", a-t-il lancé.
Les deux présidents se sont embrassés à deux reprises au cours d'une cérémonie empreinte d'émotion. Le président Macron a souligné que les soldats français et nigériens étaient des "frères d'armes" et lancé: "Nous sommes là aujourd'hui pour nous incliner devant vos martyrs, nous serons la demain pour célébrer les victoires".
L'invitation par le président français au sommet de Pau avait été mal ressenti par beaucoup. Certains y ont vu une "convocation" teintée d'attitude néo-coloniale.
Le président Keïta a semblé faire allusion à cette tension le 21 décembre sur TV5 : il a indiqué que les pays unis dans la force militaire G5 Sahel souhaitaient "un partenariat respectable et respectueux". Tous ces pays devraient toutefois être présents à Pau, a-t-on appris de source diplomatique.
Hommage aux soldats français et au civil américain tués en 2004 à Bouaké
Avant d'arriver à Niamey, le président Macron s'était également recueilli en hommage à des soldats tués, cette fois à Bouaké, deuxième ville de Côte d'Ivoire et ancienne capitale de la rébellion. Neuf soldats français et un Américain y avaient été tués en 2004, par un bombardement de l'armée ivoirienne. Un épisode charnière de la décennie de crise ivoirienne et un dossier qui garde de nombreuses zones d'ombre.
Les présidents Macron et Ouattara ont dévoilé une stèle et déposé des gerbes aux couleurs ivoiriennes et françaises. Cet acte doit "œuvrer à l'essentiel travail de réconciliation dont la République de Côte d'Ivoire a tant besoin et qui est le chemin sur lequel elle avance", avait dit Emmanuel Macron le 21 décembre.
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