Cet article date de plus de six ans.

Soudan: RSF accuse le pouvoir de vouloir «bâillonner» la presse

Reporters sans Frontières (RSF) dénonce une nouvelle offensive contre la presse au Soudan. Dans le viseur des services de renseignement et de sécurité soudanais (NISS) cette semaine: «Al-Tayar», «Alyoum Altaly» et «Al-Jareeda», trois quotidiens dont l'intégralité des exemplaires ont été saisis pour des articles jugés critiques vis-à-vis du gouvernement.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Les tirages du journal indépendant soudanais «Al-Tayar» des 10 et 11 juin 2018 ont été saisis par des agents du NISS.  (ASHRAF SHAZLY / AFP)

Privés de kiosques. Les agents du redouté Service national de renseignement et de sécurité (NISS) ont de nouveau confisqué les tirages de trois quotidiens: Al-Tayar, Alyoum Altaly et Al-Jareeda. Les journalistes qui avaient abordé «des questions sensibles» dans leurs articles ont subi un interrogatoire, a indiqué Reporters sans Frontières. 

Selon RSF, les tirages des 10 et 11 juin 2018 d'Al-Tayar, l'un des plus importants quotidiens indépendants du pays, ont été entièrement saisis à la suite de la publication, le 9 juin par ce quotidien, d'une chronique qui suggère qu'une démission du président soudanais Omar al-Béchir pourrait relancer l'économie du Soudan toujours en crise

Contactée par RSF, Shamael al-Nur, l'auteure de cette chronique, a indiqué qu'elle avait été interrogée à deux reprises par des agents du NISS. «Ils m'ont rappelé qu'il y a des lignes rouges à ne pas franchir et que le président en faisait partie», a affirmé la journaliste.

Des agents du NISS ont aussi saisi le 13 mai 2018 des exemplaires du quotidien Alyoum Altaly, quelques jours après avoir empêché Al-Jareeda de distribuer son tirage à Khartoum, toujours selon RSF.

Des sujets tabous
«La survie d'une presse libre au Soudan est en jeu», s'est alarmé Arnaud Froger, chef du département Afrique de RSF. «Le NISS doit cesser d'agir comme une police de l'édition qui censure les journalistes et réprime systématiquement toute publication critique établissant des listes de sujets tabous comme cela lui convient», a-t-il ajouté.
 
Les agents du NISS traquent les articles hostiles au régime du président Omar al-Béchir et confisquent régulièrement des publications entières de journaux désobéissants. En janvier 2018, lors d'une vague de répression identique, des agents de la sécurité soudanaise avaient saisi des exemplaires de plusieurs journaux qui avaient critiqué le gouvernement sur la forte augmentation des prix du pain, rappelle l'AFP.

Le rédacteur en chef d'Al-Tayyar, Osmani Mirgani, a déjà subi plusieurs interrogatoires à la suite d'articles publiés sur des exportations illégales de matériaux radioactifs par le Soudan. En février et en mai 2015, le quotidien avait également vu toutes ses pages saisies.

Le Soudan occupe la 174e place sur 180 pays dans le classement 2018 de la liberté de la presse établi par RSF.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.