Tunisie : la présidentielle aura bien lieu le 15 septembre 2019
Le premier tour du scrutin, qui devait initialement se tenir le 10 novembre, a été avancé en raison du décès du président sortant Béji Caïd Essebsi, survenu le 25 juillet. Un scrutin qui s'annonce très ouvert à 50 jours de l'échéance.
L’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) a confirmé la date de 15 septembre pour la présidentielle anticipée. Elle a ainsi rejeté les appels de partis politiques à repousser cette date annoncée dans la foulée du décès du président Béji Caïd Essebsi. Parmi ces partis, la formation d'inspiration islamiste Ennahdha. Selon le calendrier électoral décidé par l'ISIE, les candidatures doivent être déposées entre le 2 et 9 août, la campagne électorale, quant à elle, aura lieu du 2 au 13 septembre et pour finir les résultats préliminaires seront annoncés le 17 septembre. La date du deuxième tour de la présidentielle n'a pas encore été décidée, mais elle ne devra pas dépasser le 3 novembre.
Quant à la date des législatives, aucun changement n'est prévu : elles restent programmées pour le 6 octobre.
Vers "une lutte d'ego" chez les "laïcs"
Pour l'instant, les enjeux semblent très ouverts. "Rien n'est fait, ce qui rend le scrutin très intéressant, car cela sera vraiment plein de surprises", pense l'expert Youssef Cherif.
D'ores et déjà, le Premier ministre Youssef Chahed, lui, a annoncé son intention de se présenter au nom de son parti Tahya Tounès, fondé en avril et dissident de Nidaa Tounès, la formation de Béji Caïd Essebsi. Problème : sa popularité est au plus bas.
Parmi les principaux prétendants pressentis, aucun n'était en haut de l'affiche en 2014, ce qui rend difficile toute comparaison.
Le publicitaire et homme de télévision Nabil Karoui, qui a longtemps été l'homme de l'ombre de Nidaa Tounes, est le favori des sondages, à la tête d'une formation concurrente misant sur sa réputation de généreux bienfaiteur. Il a été en campagne pendant des mois via une association caritative, ce qui l'a soustrait à toutes les obligations déontologiques imposées aux partis. Le gouvernement a alors tenté, en vain, de l'écarter par une modification du code électoral. En l'occurrence en interdisant a posteriori les candidats ayant distribué des cadeaux aux électeurs.
Mais le défunt président n'a pas promulgué ce nouveau code électoral, laissant le champ libre à Nabil Karoui. Quelques poids lourds de Nidaa Tounès l'ont rejoint au lendemain des funérailles. "Derrière lui, le paysage est encore très flou", constate l'expert tunisien Youssef Cherif dans des propos rapportés par l'AFP. "Si la frange qui se dit 'moderniste', anti-islamiste, parvient à se rassembler à nouveau, elle peut reconstituer un poids électoral de taille, mais tous les signaux montrent qu'on va vers une lutte d'ego", estime le politologue Selim Kharrat, également cité par l'AFP.
Et Ennahdha ?
Marqué par l'échec de sa première expérience du pouvoir en solitaire lorsqu'il avait remporté fin 2011 le premier scrutin post-révolution, Ennahdha reste réticent à présenter son propre candidat, préférant la position de faiseur de roi au Parlement. Les islamistes figurent dans le gouvernement de Youssef Chahed. Ils pourraient ainsi chercher à nouveau une alliance avec un groupe "laïc".
Toutes les alliances ou presque semblent envisageables. Sauf avec Abir Moussi, une passionaria de l'ancien régime, qui revendique l'héritage du RCD, parti du dictateur déchu Zine el Abidine Ben Ali, et appelle à exclure les islamistes.
Mohamed Abbou, chef de file du Courant démocrate ("Attayar"), issu du parti de l'ancien président par intérim (2011-2014) Moncef Marzouki, est en campagne depuis plusieurs mois. De son côté, ce dernier n'a pas fait part de ses intentions. Selon Reuters, l'ancien Premier ministre Mehdi Jomaa aurait, lui aussi, l'intention de briguer la présidence.
D'autres sont arrivés dans le paysage politique très récemment. Comme l'universitaire indépendant Kaïs Saïed. Ou le ministre de la Défense, Abdelkarim Zbidi, que le président récemment décédé avait fait venir à son chevet en juin, le plaçant ainsi parmi les successeurs potentiels. Mais à 50 jours du scrutin, aucun n'a de machine électorale en place.
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