Le «Mobile Banking» au service des fonctionnaires congolais
Annoncée il y a un an par le gouvernement, cette mesure a été rendue possible par le développement du Mobile Banking : l’accès à un compte via un téléphone portable.
Méthode : l’administration envoie des listings aux établissements bancaires qui ouvrent un compte nominatif à chaque fonctionnaire. Chacun d’eux est prévenu par SMS du versement de son salaire.
La Sofibanque, impliquée dans ce processus comme une quinzaine d’autres établissements, perçoit de l'Etat 3,5 dollars par client et verse aux opérateurs téléphoniques une commission comprise entre 1,2 et 2 dollars.
Dans un pays où les succursales bancaires sont quasi inexistantes, le fonctionnaire lambda qui vit loin de la ville peut retirer du liquide dans la boutique d'un opérateur téléphonique.
La population, qui touche en moyenne 180 euros par an et par habitant, n'a pas l'habitude des banques. Ainsi, en 2012, seuls 2% de la population possédaient un compte. Avec ce nouveau mode de paiement pour les salariés de la fonction publique, ils sont 5,7% à en posséder un 2013.
Quelque 130.000 fonctionnaires de Kinshasa et 150.000 autres dans le reste du pays profitent du système. Sachant qu’ils sont un million, que leur salaire mensuel moyen varie entre 50 et 80 euros, la masse salariale s’établit à quelque 80 millions d'euros.
Les premiers à en bénéficier sont encore surpris de toucher l’intégralité de leurs payes. Auparavant, leur hiérarchie les ponctionnait, officiellement au titre de «frais de transport, de manipulation et de manutention des espèces», officieusement à la tête du client.
Une responsable d’ONG a constaté que sur une solde d’une cinquantaine d’euros par mois, il n’était pas rare qu’un soldat n’en perçoive plus que quatre au final.
Autre avantage à ce système, la fin des employés fantômes dont les salaires sont détournés. La presse congolaise a sorti l’info selon laquelle à Butembo, au Nord Kivu, il y avait 30 écoles fictives employant 200 enseignants, fictifs eux aussi.
Avec les économies réalisées, le gouvernement a promis d’augmenter les salaires, comme il l’a déjà fait dans la police et l’armée.
Maintenant, il reste aux entreprises privées de s’y mettre pour assurer, selon les autorités, «la transparence et la bonne gouvernance, gages de l'amélioration du climat des affaires».
Pour les banques, c’est tout bénef ! Des perspectives alléchantes, comme le microcrédit aux particuliers, et surtout les rentrées colossales d’argent frais : «Au Kenya, ce sont sept milliards de dollars qui transitent chaque année par ce système», précise ainsi le responsable de la Sofibanque.
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