RDC: le pétrole très convoité du parc des Virunga suscite la controverse
Le parc national des Virunga sera-t-il rayé de la liste du patrimoine mondial de l’humanité? C’est la question qu’on se pose depuis que le Premier ministre congolais, Matata Mpoyo, a relancé le débat sur l’exploration du pétrole qui pourrait se trouver dans le périmètre de ce parc. Dans une déclaration à la presse le 13 mars 2015, il a indiqué «vouloir trouver un terrain d’entente avec l’Unesco» qui s’y oppose. «Le gouvernement mène des contacts avec l’organisation des Nations Unies pour la science et la culture pour examiner une possibilité d’explorer judicieusement le pétrole du parc».
L’Unesco brandit le statut du patrimoine mondial
Interrogé par Géopolis, Maziz Leila, en charge de l’Afrique au sein du Centre du Patrimoine mondial de l’Unesco à Paris, rappelle que de telles activités sont incompatibles avec le statut du patrimoine mondial. «La directrice de l’Unesco s’est personnellement rendue à Kinshasa en janvier 2011 pour rencontrer les autorités congolaises et rappeler qu’aucune exploration ou exploitation pétrolière ne devait être permise au Parc national des Virunga, compte tenu de son classement international».
Plusieurs sociétés pétrolières sont sur le coup
En 2010, l’Etat congolais avait attribué au groupe français Total et à l’entreprise britannique Soco des permis d’exploration sur des concessions à cheval sur de larges portions du parc. Kinshasa avait finalement suspendu ces autorisations à l’issue d’une intense mobilisation internationale. Le Comité du Patrimoine mondial avait demandé au gouvernement congolais de ne pas en accorder de nouvelles.
Si le gouvernement congolais revient à la charge, c’est pour pouvoir, précise le Premier ministre, «tirer profit des ressources du parc pour que les populations qui y vivent puissent en profiter». L’argument est balayé par Maziz Leila du Centre du Patrimoine mondial de l’Unesco: «Les communautés ne sont pas toutes informées de l’ensemble des risques qui sont liés au développement des activités pétrolières, tels que des risques environnementaux, des risques sur les moyens de subsistance, notamment la pêche et les ressources en eau douce... C'est le plus riche parc d'Afrique, avec plus de 3000 espèces, dont l'habitat naturel sera profondément modifié.»
Aucune demande officielle de déclassifier une partie du parc
L’Unesco précise qu’à ce jour, il n’y a eu aucune demande formelle de la part des autorités congolaises de déclassifier une partie du parc. Comme l’explique Maziz Leila, la sanction suprême n’a été appliquée qu’à deux reprises depuis la signature de la convention sur la protection du patrimoine mondial en 1972.
En 2007, ce fut le cas pour «le site des Oryx arabes d’Oman» qui a été rayé de la liste du patrimoine mondial après la décision du sultanat d’Oman de réduire sa superficie de 90% pour un projet de prospection d’hydrocarbures. Même sanction en 2009 pour la vallée de l’Elbe et sa «cathédrale de Dresde» en Allemagne, en raison d’un projet de construction d’un pont routier.
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