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République démocratique du Congo : soupçons de corruption sur l'aide contre le Covid

Selon le magazine "Jeune Afrique", la cour des comptes de RDC a relevé de nombreuses irrégularités dans les dépenses de l'aide du FMI pour lutter contre le Covid-19.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
le 29 septembre 2021, la Chine remet une cargaison de son vaccin Sinovac au ministre congolais de la Santé, Jean-Jacques Mbungani. (ALAIN UYAKANI / XINHUA)

"La gouvernance de la RDC a-t-elle changé ? Pas vraiment si l’on en croit la cour des comptes", écrit le magazine Jeune Afrique. Le ton est donné. Après les accusations de corruption portées à l’encontre de Joseph Kabila et de son clan, c’est son successeur Félix Tshisekedi qui est sur la sellette. Nos confrères ont pu se procurer deux rapports de la cour des comptes du pays, qui pointent de sévères dérapages.

La cour, rapporte Jeune Afrique, s’est récemment penchée sur l’utilisation des 363,2 millions de dollars alloués par le FMI pour lutter contre l’épidémie de Covid-19. Un compte a ainsi été ouvert à la Banque centrale du Congo, censé couvrir les besoins urgents du ministère de la Santé dans le cadre des actions anti-Covid. Sur les 50,7 millions de dollars placés sur ce compte, un peu plus de 31 millions ont été redistribués sans respecter la procédure. L’utilisation des fonds n’aurait été ni justifiée, ni régularisée.

Des dépenses non justifiées

Pourtant, bon nombre en ont profité, des services de la présidence pour près de 15 millions, jusqu’à ceux de l’Assemblée nationale pour 4 millions. Un comble, le plus mal servi a été le ministère de la Santé qui a obtenu moins de 2 millions de dollars !
La cour des comptes a deux hommes dans le collimateur. Le docteur Roger Kamba, conseiller spécial de Félix Tshisekedi en matière de santé, et Eteni Longondo ex-ministre de la Santé.

Des hôpitaux qui avaient reçu des subventions pour assurer des soins gratuits ont malgré tout facturé des interventions. Des commandes, notamment de tests, n’ont jamais été exécutées "malgré le décaissement des fonds de l’Etat".

Eteni Longondo a été brièvement incarcéré en août 2021 pour ces faits de détournement de fonds. L’inspection générale des finances l’accuse d’avoir détourné 7 millions de dollars, relevant "l’absence des pièces justificatives probantes des dépenses". Ce que l’intéressé dément farouchement, évoquant des primes et des trop-perçus, alors même que l’instruction se poursuit.

Le président malmené

Ce rapport de la cour des comptes donne du crédit à toutes les suspicions de corruption relayées par l’opinion publique congolaise depuis des mois. Et c’est la deuxième fois que la cour pointe les manquements de l’administration du président Tshisekedi. Précédemment, l’organisme avait noté des dérapages sur l’exécution de la loi de finance 2020.

Tout cela entache l’image de Félix Tshisekedi qui, depuis son arrivée au pouvoir, n’a de cesse de répéter qu’il faut changer de gouvernance. L’Observatoire de la dépense publique, une ONG congolaise qui décortique les budgets nationaux, demande aux tribunaux "de se saisir d’office des rapports de la cour des comptes pour des enquêtes approfondies."

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