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Sahara occidental: reprise de la guerre verbale entre le Maroc et le Polisario
Au moment où le Conseil de sécurité débat d’un nouveau mandat de la mission de l’ONU au Sahara occidental, et avant la présentation d’un projet de résolution par Washington sur le conflit, le chef de la diplomatie marocaine a été reçu au département d’Etat américain. Auparavant, il avait demandé à l’ONU et l’Algérie de prendre leurs responsabilités après des incursions du Polisario en zone tampon.
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Dans l’attente de la présentation d’un projet de résolution de Washington sur le conflit du Sahara occidental et dont le vote est attendu autour du 25 avril 2018, le Maroc a pris les devants.
Washington juge le plan d'autonomie réaliste et soutient le référendum d'autodétermination
En déplacement à Washington, le chef de la diplomatie du roi Mohamed VI, Nasser Bourita, a été reçu au département d’Etat Américain par John Sullivan qui assure en ce moment l’intérim du secrétaire d’Etat.
«Nous maintenons que le plan d’autonomie est sérieux, crédible est réaliste et représente une approche audacieuse pour trouver un règlement définitif à la question du Sahara», a affirmé le diplomate américain à la MAP, l’agence officielle marocaine, citée par le 360.
Ce plan, que le Royaume chérifien oppose au projet de référendum d’autodétermination de l’ONU, réclamé par le Front Polisario et soutenu par l’Algérie, «est à même de satisfaire les aspirations des populations en vue de gérer leurs propres affaires dans la paix et la dignité», a ajouté John Sullivan.
Toutefois, à en croire le communiqué du Département d’Etat, «les Etats-Unis ont également exprimé leur attachement aux efforts déployés par les Nations Unies pour trouver une solution politique, pacifique et durable et mutuellement acceptable» à ce conflit vieux de quarante ans entre le Maroc et les Sahraouis.
Un rappel non négligeable au moment où le Conseil de sécurité débat d’un nouveau mandat de la Minurso, la Mission des Nations Unies pour l’organisation du référendum au Sahara occidental, et au moment où les deux parties ont repris la guerre des communiqués.
Le 1er avril 2018, le Maroc a en effet alerté les Nations Unies, affirmant que des combattants du Front Polisario avaient récemment procédé à une incursion dans la ville de Mahbès, dans le nord-est du Sahara, en violation d’un accord militaire sur une zone tampon où l’ONU est chargée de superviser un cessez-le-feu.
Les circonstances tragiques du démenti du Polisario
Le lendemain, l’ONU a indiqué que sa mission dans la région «n’avait observé aucun mouvement d’éléments militaires dans le territoire Nord-Est», et le Front Polisario a démenti les accusations du royaume.
Un démenti intervenu dans des circonstances tragiques. L’auteur de la lettre adressée au Conseil de sécurité, Ahmed Boukhari, le représentant diplomatique du Front Polisario auprès de l’ONU, est en effet décédé le lendemain, «des suites d’un cancer», selon un diplomate cité par l’AFP.
Dans son courrier, Ahmed Boukhari réfutait «catégoriquement les allégations infondées du Maroc» concernant une quelconque incursion dans une zone tampon.
Dans la même lettre, obtenue par l’Agence française de presse, il réaffirmait le souhait du Front Polisario de «négociations directes sans pré-conditions» avec le Maroc, afin de «parvenir à une solution juste et pacifique permettant l’auto-détermination de la population du Sahara occidental».
Enfin, il appelait «le Conseil de sécurité à user de son autorité pour pousser le Maroc à s’engager sérieusement et de manière constructive dans un processus politique».
Le Maroc met en garde contre la fin du processus politique
Refusant d’en rester là, le chef de la diplomatie marocaine a durci le ton. Il a demandé aux Nations Unies et à l’Algérie de prendre leur responsabilités pour que le Front Polisario cesse son développement au Sahara occidental.
«Si le Conseil de sécurité n'assume pas ses responsabilités, le Maroc assumera les siennes», a prévenu le ministre après un entretien avec le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, auquel il a remis un message du roi Mohammed VI.
Brandissant des documents et des photographies aériennes attestant, selon lui, de la création de «beaucoup» d’installations militaires par le Polisario, entre août 2017 et mars 2018, Nasser Bourita estime que «ces agissements constituent une menace au cessez-le-feu» au Sahara et «compromettent sérieusement le processus politique».
Dénonçant enfin la responsabilité flagrante de l’Algérie, qui «finance, abrite, arme, et soutient diplomatiquement le Polisario», il demande que ce pays «prenne une part importante dans le processus politique, assume ses responsabilités dans la recherche d’une solution et joue un rôle à la hauteur de sa responsabilité dans la genèse de ce différend régional».
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