Au Sénégal, l'élection présidentielle pourrait être la plus ouverte de l'histoire contemporaine du pays

La prochaine élection présidentielle sénégalaise aura lieu d'ici la fin du mois de mars, après plusieurs semaines de tensions provoquées par le report du scrutin.
Article rédigé par Nathanaël Charbonnier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des manifestants lors d’une marche appelant les autorités à respecter la date des élections, à Dakar (Sénégal), le 16 février 2024. (JOHN WESSELS / AFP)

Les Sénégalais savent désormais qu'ils éliront leur président le 24 mars. Ils entrevoient une sortie de la crise provoquée par le report de l'élection. Le week-end du 31 mars avait d'abord été envisagé mais la fête de Pâques n'était pas très compatible avec un premier tour d'élection. Après un mois de flottement, qui a alarmé l'opinion nationale et une partie de la communauté internationale, les Sénégalais s'engagent à nouveau sur la voie de la présidentielle peut-être la plus ouverte de leur histoire contemporaine.

L'élection aura donc lieu avant le 2 avril, date de l'expiration du mandat de Macky Sall, l'actuel président qui ne se représente pas. Le Conseil constitutionnel en fait une histoire de principe. Cela permet d'éviter en partie un bug des institutions qui verrait le Sénégal présidé par un président qui n'aurait plus de pouvoir constitutionnel.

Autre principe sur lequel le Conseil constitutionnel du Sénégal est resté ferme : la liste des 19 candidats qui avaient été validée pour l'élection qui devait se tenir en janvier reste inchangée. Ce qui veut dire que le principal opposant Ousmane Sonko, chef de file de l'opposition antisystème, ne peut pas se présenter. En revanche, son second, Bassirou Diomaye Faye, bien qu'emprisonné, est confirmé dans la course à la présidence. Il paraît éligible à une libération après l'adoption par l'Assemblée d'une loi amnistiant les actes commis en lien avec les manifestations politiques depuis 2021.

Une loi d'amnistie votée par l'Assemblée nationale

L'objectif avoué de la majorité est d'apaiser les tensions dans le pays. Cette loi a été approuvée par 94 voix pour, 49 contre. Elle amnistie les actes liés aux violences politiques des dernières années, c’est-à-dire depuis 2021. Une loi qui permet la libération du millier de prisonniers qui se trouvaient dans les geôles du pays - des prisonniers dits politiques -, mais qui permet aussi au pouvoir de mettre à l'abri les auteurs de crimes et de faits graves, y compris des homicides.

Selon les ONG, on parle quand même de 40 à 60 morts depuis trois ans, tués par les forces de l'ordre notamment. La loi permet d'effacer les enquêtes au grand dam des familles de victimes qui voient s'éloigner toute idée de justice.

Un changement de Premier ministre

Aussitôt la loi votée, le président Macky Sall a changé de Premier ministre. Il a dissous, mercredi 6 mars, le gouvernement et nommé le ministre de l'Intérieur, Sidiki Kaba, comme nouveau chef du gouvernement. Cela permet de libérer son ancien Premier ministre, Amadou Ba, qui peut mener campagne plus facilement et qui doit surtout refaire son retard. L'homme a du mal à convaincre et nombreux sont les Sénégalais qui le donnent perdant de l'élection.

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