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"Des journalistes ont été menacés" : au Sénégal, le difficile travail des médias pour couvrir l’affaire Sonko malgré la censure

Censure des chaînes de télévision, attaques des manifestants contre certains journaux et groupes de presse, le bilan de ce mois de mars montre que la liberté de la presse recule au Sénégal, ce qui inquiètent les journalistes. Reportage à Dakar.

Article rédigé par franceinfo - Nathanaël Charbonnier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des personnes regardent les restes de deux voitures brûlées qui appartiendrait à Radio Futures Media (RFM) à Dakar, au Sénégal, le 5 mars 2021. (JOHN WESSELS / AFP)

Au Sénégal, la presse se bat pour pouvoir travailler librement, notamment pour couvrir l'affaire Ousmane Sonko. Ce leader de l’opposition, accusé de viol présumé et de menaces de mort, dont l'arrestation a été à l’origine des émeutes du début du mois de mars. Une nouvelle journée de "manifestation pacifique" devait se dérouler samedi 13 mars à l’appel de l’opposition pour demander la libération de militants emprisonnés. Mais elle a été reportée sine die après un appel à l'apaisement des milieux musulman et chrétien.

>> Sénégal : six questions sur la flambée de violence qui secoue le pays depuis l'arrestation de l'opposant Ousmane Sonko

Au plus fort des émeutes, le signal des chaînes Sene TV et Walf TV a été coupé par les autorités pendant plusieurs jours. Les deux chaînes retransmettaient en direct les événements. Une censure que condamne Nicolas Diam, le président du Collectif des techniciens de la presse audiovisuelle : "Dans quel État sommes-nous ? Quelle presse veut l’État du Sénégal ? Ce sont les questions que l’on se pose. Pire encore, la TNT n’est pas fait pour être coupée quand on veut. On a numérisé toutes les chaînes pour avoir une meilleure qualité et de meilleurs programmes mais il ne faudrait pas que les autorités en profitent pour couper le signal quand elles veulent."

La liberté de la presse en recul dans le pays

La presse est malmenée de toutes parts y compris par les manifestants qui ont attaqué journaux et groupe de presse. Une dérive inquiétante qui demande une réaction unie de la profession, explique Ahmadou Bamba Kassé du Syndicat professionnel de l’information : "Au tout début de cette affaire, des journalistes ont été pointés du doigt, menacés avec leurs photos exhibées, c’est une demande pour aller les tuer. Personne n’a réagi, c’est ce manque de réaction dès le début des agressions qui a fait que les agressions ce sont poursuivies."

"Si dès le début les gens avaient ressenti une solidarité réelle de la presse face à ces agressions ou à ces tentatives de musellement, on n’en serait pas arrivé là."

Ahmadou Bamba Kassé

à franceinfo

La liberté de la presse en recul au Sénégal, une réalité présente bien avant les événements de ce mois de mars, accuse le président du Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse Mamadou Ibra Kane : "Il y a eu une régression de la liberté de la presse, et de la liberté d’expression. Mais en réalité ce n’est pas maintenant, ce n’est pas depuis ce mois-là. C’est depuis plusieurs années. Je suis au regret de constater que c’est sous le règne du président Macky Sall qu’il y a eu une régression du point de vue de la liberté de la presse et d’expression. Aujourd’hui il y a une sorte de répression qui s’abat sur les médias au Sénégal." En attendant les médias se sont unis cette semaine pour demander au gouvernement le vote d’une nouvelle loi sur l’accès à l’information.

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