Racisme : les tribulations du cheveu crépu
L'entrée au gouvernement de la Franco-Sénégalaise Sybeth Ndiaye a mis au jour une discrimination capillaire dont les Africains et Afro-descendants sont familiers.
Les coiffures adaptées au cheveu crépu suscitent critiques et propos racistes partout dans le monde, y compris sur le continent africain.
Afro, locks, vanilles, tresses et autres coiffages des cheveux crépus, frisés et bouclés sont jugés "négligés" et "non professionnels". La coiffure afro arborée par Sibeth Ndiaye, la porte-parole du gouvernement français, lors de sa prise de fonction en avril 2019, n'y a pas échappé. Elle a été largement décriée sur les réseaux sociaux. Le procès en négligence est d'autant plus incongru, quand on sait l'attention que requiert ce cheveu réputé fragile.
Comme aux Etats-Unis, après des siècles d'esclavage et de ségrégation, l'apparition du cheveu crépu dans l'espace public reste un sujet sensible. Outre-Atlantique, la question est si délicate que la très populaire Michelle Obama n’a porté ses boucles naturelles qu’après la fin du mandat de son époux.
En 2014, l'auteure nigériane du livre à succès Americanah, où il est d’ailleurs beaucoup question de cheveux, Chimamanda Ngozi Adichie, avançait une explication. Pour elle, si l'ancienne First Lady avait affiché sa texture naturelle, Barack Obama n'aurait pas été élu en 2004.
Une reconquête capillaire
Aujourd'hui, la ville de de New York fait figure de pionnière. Depuis février 2019, les discriminations sur la base du cheveu dans les entreprises et les espaces publics sont considérées comme illégales.
Today, the New York City Commission on Human Rights releases legal guidance on our protections and enforcement actions against racial discrimination on the basis natural hair and hairstyles: https://t.co/ofDAttCZbQ #YourHairYourRightNYC pic.twitter.com/24MocBzk9Z
— NYC Human Rights (@NYCCHR) 18 février 2019
(Aujourd’hui, la Commission des droits de l’Homme de la ville de New York publie des conseils juridiques liés aux protections et mesures coercitives contre la discrimination raciale sur la base des cheveux naturels et des coiffures.)
Après avoir longtemps repris à leur compte les préjugés qui entourent les cheveux crépus, les Africains et les Afro-descendants apprennent désormais à les aimer et à les mettre en valeur. La chanteuse Solange Knowles, la sœur de Beyoncé, la comédienne américaine Viola Davis ou encore l’actrice kényane Lupita Nyongo sont ainsi devenues des icônes "nappy". Le mouvement, dont le nom est le résultat d'une contraction des mots anglais natural et happy (naturel et heureux), est à la fois une reconquête capillaire et un retour aux sources.
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