Remaniement : quatre choses à savoir sur Sibeth Ndiaye, la nouvelle porte-parole du gouvernement
Agée de 39 ans, l'ancienne conseillère d'Emmanuel Macron a succédé officiellement lundi à Benjamin Griveaux, parti briguer l'investiture de la majorité pour la mairie de Paris.
De l'ombre à la lumière. Sibeth Ndiaye, fraîchement nommée porte-parole du gouvernement en remplacement de Benjamin Griveaux, qui lorgne sur la mairie de Paris, présente lundi 1er avril son premier compte rendu du Conseil des ministres. Une exposition inédite pour cette fidèle d'Emmanuel Macron, qu'elle suivait comme une ombre depuis son passage au ministère de l'Economie.
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Franceinfo recense quatre choses à savoir sur la nouvelle secrétaire d'Etat, devenue la première femme noire à porter la voix d'un gouvernement français.
1Elle est issue d'une famille engagée
Novice aux responsabilités, Sibeth Ndiaye est loin d'être inexpérimentée en politique. Née à Dakar (Sénégal) en 1979, la nouvelle porte-parole du gouvernement a en effet "toujours baigné" dans ce milieu, écrivait Le Monde en 2017. Sa mère, Mireille Ndiaye, a en effet présidé le Conseil constitutionnel du Sénégal et son père, Fara Ndiaye, fut député et numéro deux du Parti démocratique sénégalais, formation de l'ancien président Abdoulaye Wade.
Même le prénom de la nouvelle secrétaire d'Etat, qui signifie "qui a gagné beaucoup de combats" en langue diola, a été sélectionné à l'issue d'un processus élaboré, racontait son aînée Fari au quotidien du soir.
On trouvait que ce prénom, Sibeth, qui a été porté par une reine, était très joli. On l'a donc choisi, en toute démocratie, avec mes sœurs et mes parents. A la maison, tous les choix étaient discutés et votés.
Fari Ndiaye, sœur de Sibeth Ndiayeau "Monde", en 2017
2Une ancienne du PS
Après avoir grandi dans le quartier aisé du Plateau, Sibeth Ndiaye quitte Dakar après le collège, pour être scolarisée à Paris. Elle s'engage au sein de l'Unef pendant ses années étudiantes, ainsi qu'au Parti socialiste en 2002 après l'arrivée de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle.
Lors des réunions organisées pour soutenir la candidature de Dominique Strauss-Kahn à la primaire de la gauche de 2006, elle croise Ismaël Emelien et Benjamin Griveaux, devenus eux aussi des proches d'Emmanuel Macron. Elue en parallèle secrétaire nationale du PS en charge de la petite enfance, Sibeth Ndiaye intègre le cabinet de Claude Bartolone au conseil général de la Seine-Saint-Denis en tant que responsable du service de presse, avant de rejoindre Arnaud Montebourg lorsque celui-ci devient ministre de l'Economie, du Redressement productif et du Numérique. Elle acquiert la nationalité française en 2016.
3Une membre du premier cercle du président
"Regardez les porte-parole du gouvernement qui se sont succédé depuis le début du quinquennat : Christophe Castaner, Benjamin Griveaux et maintenant Sibeth Ndiaye... Ce ne sont que des gens dont le président est sûr à deux millions de pourcents et qui sont pleinement en ligne avec lui". Interrogé par Le Figaro, un conseiller du chef de l'Etat résume bien la proximité de Sibeth Ndiaye avec son mentor.
Après l'avoir rencontré lorsqu'il était secrétaire général adjoint de l'Elysée, la nouvelle porte-parole du gouvernement fait vraiment connaissance avec Emmanuel Macron lorsqu'il intègre le ministère de l'Economie, à l'été 2014. "La première fois qu'il a réuni son cabinet, il nous a dit une phrase qui m'a marquée : 'Ne venez jamais me dire qu'on ne peut pas faire telle ou telle chose parce qu'on ne l'a jamais faite auparavant.' C'est quelqu'un de très libre et qui cherche en permanence à questionner le monde", avait déclaré l'intéressée dans l'une de ses rares interviews, accordée à Jeune Afrique en avril 2017. Elle y décrivait également des affinités quasi amicales avec le chef de l'Etat.
Nous partageons aussi un amour de la langue française et en particulier de la poésie. Je me rappelle toujours avec émotion qu'au décès de ma mère, il avait eu la délicatesse de m'offrir un livre de Roland Barthes, 'Journal de deuil'. Il m'a servi de livre de chevet pendant de longs mois.
Sibeth Ndiayeà "Jeune Afrique", en 2017
Séduite par la volonté d'Emmanuel Macron de "transcender les clivages existants", Sibeth Ndiaye le suit lorsqu'il claque la porte de Bercy pour se lancer en campagne. Elle rejoint alors les "Mormons", ce petit groupe de quadras et trentenaires qui ont accompagné le candidat dans sa quête de l'Elysée, mais qui ces derniers mois sont partis l'un après l'autre, à l'instar du secrétaire d'Etat Benjamin Griveaux, et des conseillers Ismaël Emelien et Sylvain Fort.
Avant le remaniement, qui l'a propulsée au poste très exposé de porte-parole du gouvernement, la communicante était d'ailleurs elle-même donnée partante du palais de l'Elysée. "Finalement, dans une séquence où le président voyait partir les uns après les autres tous ceux qui avaient fait sa campagne, la 'dernière des Mohicans' est promue pour rester à proximité de la politique gouvernementale", analyse un proche du chef de l'Etat dans les colonnes du Figaro.
4Elle est connue pour ses relations orageuses avec la presse
Interface entre le chef de l'Etat et les journalistes jusqu'à son entrée au gouvernement, Sibeth Ndiaye s'est fait connaître par son âpreté dans les relations avec la presse. Le grand public a d'ailleurs pu le constater dans le documentaire de Yann L'Hénoret Emmanuel Macron, les coulisses d'une victoire, où on la voit omniprésente, défendant son candidat bec et ongles.
Remaniement : retour sur le style musclé de #SibethNdiaye quand elle n’apprécie pas le travail des journalistes ⬇#CàVous pic.twitter.com/PXrbK9VuS7
— C à vous (@cavousf5) 1 avril 2019
Arrivée à l'Elysée, la conseillère d'Emmanuel Macron avait fâché les journalistes habitués à couvrir l'actualité du palais en défendant le déménagement de la salle de presse en dehors de l'enceinte du château, ce qui les a empêchés de relever les allées et venues des visiteurs du président.
Sibeth Ndiaye avait également été ciblée par les critiques, après avoir affirmé à l'Express, au début du quinquennat, "[assumer] parfaitement de mentir pour protéger le président". La trentenaire avait par la suite démenti avoir prononcé cette phrase, tout comme l'existence rapportée par le Canard enchaîné d'un SMS dans lequel elle aurait écrit "Yes, la meuf est dead" pour confirmer la mort de Simone Veil à un journaliste.
C'est également sur son compte Twitter qu'avait été diffusée la vidéo où Emmanuel Macron déplorait le "pognon de dingue" que coûteraient selon lui les aides sociales. "Une intervention dont on connaît aujourd'hui l'accueil mais qui, vue de l'Elysée, passait alors pour une excellente idée", ironise Libération.
Le Président ? Toujours exigeant. Pas encore satisfait du discours qu’il prononcera demain au congrès de la Mutualité, il nous précise donc le brief ! Au boulot ! pic.twitter.com/2mjy1JmOVv
— Sibeth Ndiaye (@SibNdiaye) 12 juin 2018
Plus récemment, Sibeth Ndiaye avait été mise en cause par Le Monde dans l'affaire Benalla. Le lendemain de la révélation de la présence du chargé de mission place de la Contrescarpe par le quotidien du soir, la communicante a en effet conseillé à des journalistes de consulter sur Twitter des images de vidéosurveillance diffusées illégalement et montées avec des images d'une autre scène de violence pour tenter d'excuser Alexandre Benalla.
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