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Afrique du Sud: en 2018, le monde du rugby tourne enfin le dos à l'apartheid
Pour la première fois depuis l'abolition de l'apartheid en 1991, un Noir a été nommé capitaine de l'équipe sud-africaine de rugby, les emblématiques Springboks. Le troisième ligne Siya Kolisi, 26 ans, aura la charge de mener les joueurs lors de trois test-matches contre l'Angleterre en juin. La décision historique du nouveau sélectionneur Rassie Erasmus a été saluée par le gouvernement de l'ANC.
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Le Congrès national africain (ANC), qui pendant des décennies, sous l'impulsion de Nelson Mandela, a combattu le régime raciste blanc, s'est félicité de la décision du nouveau coach des Springboks de nommer un capitaine noir. Une révolution dans un sport toujours dominé par la minorité blanche, un quart de siècle après la fin de l'apartheid.
«C'est un grand honneur d'être nommé capitaine des Springboks», a d'ailleurs souligné, non sans un soupçon de supériorité appuyée, le sélectionneur blanc Rassie Erasmus en annonçant la nomination de Kolisi, qui compte 28 sélections sous le maillot des Springboks depuis 2013.
Né dans un township de Port Elizabeth (sud-est), le jeune joueur est actuellement capitaine de l'équipe des Stormers (Afrique du Sud) en Super Rugby.
«Je me mets énormément de pression»
«Ma philosophie est que chaque joueur doit prendre ses responsabilités et travailler très dur avec un objectif en tête, s'assurer que les Springboks gagnent de nouveau», a déclaré M. Erasmus, faisant allusion aux deux dernières années qui ont vu les Springboks perdre 12 de leurs 23 test-matches avec le précedent sélectionneur Allister Coetzee, deuxième Noir à ce poste.
Son règne calamiteux a nourri une polémique sur ses origines raciales, ses détracteurs affirmant qu'il avait été favorisé en raison de sa couleur de peau.
La société sud-africaine, et le rugby en particulier, continue d'être minée par les tensions raciales héritées de l'apartheid.
Né dans un township de Port Elizabeth (sud-est), le jeune joueur est actuellement capitaine de l'équipe des Stormers (Afrique du Sud) en Super Rugby.
«Je me mets énormément de pression»
«Ma philosophie est que chaque joueur doit prendre ses responsabilités et travailler très dur avec un objectif en tête, s'assurer que les Springboks gagnent de nouveau», a déclaré M. Erasmus, faisant allusion aux deux dernières années qui ont vu les Springboks perdre 12 de leurs 23 test-matches avec le précedent sélectionneur Allister Coetzee, deuxième Noir à ce poste.
Son règne calamiteux a nourri une polémique sur ses origines raciales, ses détracteurs affirmant qu'il avait été favorisé en raison de sa couleur de peau.
De son côté, Siya Kolisi s'imprègne de son nouveau statut. «En tant que leader, je me mets énormément de pression pour être performant chaque week-end. Je suis en train d'apprendre à gérer cette pression personnelle et le rôle de capitaine», confie-t-il, après une saison qu'il avoue inégale.
Le rugby, surout un sport de Blancs
Pendant l'apartheid, la majorité noire était interdite de représenter l'Afrique du Sud en rugby. En 1995, pendant une courte parenthèse, ce sport a représenté un symbole de réconciliation nationale, juste après la chute du régime ségrégationniste.
Le capitaine des Springboks d'alors, François Pienaar, un Blanc, a reçu le trophée de champion du monde des mains du président et héros de la lutte contre l'apartheid Nelson Mandela, qui, pour l'occasion, avait revêtu le maillot de l'équipe.
Un épisode fort, raconté par Clint Eastwood dans son film «Invictus» (2010), du latin «invincible».
Mais depuis, les progrès pour intégrer les Noirs dans les Springboks restent extrêmement lents, et la composition de l'équipe, l'une des meilleures au monde, est toujours un sujet très sensible.
Le capitaine des Springboks d'alors, François Pienaar, un Blanc, a reçu le trophée de champion du monde des mains du président et héros de la lutte contre l'apartheid Nelson Mandela, qui, pour l'occasion, avait revêtu le maillot de l'équipe.
Un épisode fort, raconté par Clint Eastwood dans son film «Invictus» (2010), du latin «invincible».
Mais depuis, les progrès pour intégrer les Noirs dans les Springboks restent extrêmement lents, et la composition de l'équipe, l'une des meilleures au monde, est toujours un sujet très sensible.
Pour accélérer la «transformation» raciale, la fédération de rugby et le gouvernement sont convenus que la moitié de l'équipe du Mondial de 2019 au Japon serait noire.
Il quitte le plateau de télévision en plein direct
Le 2 juin, lors du test-match contre les Gallois, le contrat est presque rempli, puisque onze des 23 joueurs sont noirs. Un XV d'Afrique du Sud jugé expérimental par les commentateurs, d'autant que 7 joueurs portent le maillot des Springboks pour la première fois.
Rassie Erasmus précise néanmoins que, comme pour ses prédécesseurs, le réservoir de joueurs noirs est encore mince.
Il quitte le plateau de télévision en plein direct
Le 2 juin, lors du test-match contre les Gallois, le contrat est presque rempli, puisque onze des 23 joueurs sont noirs. Un XV d'Afrique du Sud jugé expérimental par les commentateurs, d'autant que 7 joueurs portent le maillot des Springboks pour la première fois.
Rassie Erasmus précise néanmoins que, comme pour ses prédécesseurs, le réservoir de joueurs noirs est encore mince.
La société sud-africaine, et le rugby en particulier, continue d'être minée par les tensions raciales héritées de l'apartheid.
Mi-mai 2018, un ancien Springbok, Ashwin Willemse, un Noir reconverti en commentateur télévisé, a accusé deux anciens confrères blancs, Naas Botha et Nick Mallett, d'être «condescendants» à son égard.
En plein direct, il a décidé de quitter précipitamment le plateau de télévision.
En plein direct, il a décidé de quitter précipitamment le plateau de télévision.
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