Algérie : Amira Bouraoui condamnée à la prison ferme pour "offense à l'islam" et "atteinte à la personne du président de la République"
La gynécologue de 45 ans n'a pas été placée sous mandat de dépôt.
La militante algérienne Amira Bouraoui a été condamnée, mardi 4 mai, à deux ans de prison ferme pour "offense à l'islam" et à la même peine pour "atteinte à la personne du président de la République", a indiqué une association d'aide aux détenus d'opinion. "Le verdict est tombé (...) dans le procès d'Amira Bouraoui: condamnation à deux ans de prison ferme pour la première affaire, et condamnation à deux ans de prison ferme pour la deuxième affaire", a rapporté le Comité national pour la libération des détenus (CNLD) sur sa page Facebook. La gynécologue de 45 ans, mère de deux enfants de 12 et 16 ans, n'a pas été placée sous mandat de dépôt.
"Atteinte aux préceptes de l'islam"
Dans la première affaire jugée mardi, la militante était accusée d'"atteinte aux préceptes de l'islam". Le parquet avait requis cinq ans de prison ferme. Elle devait répondre dans l'autre affaire d'"outrage à un fonctionnaire dans l'exercice de ses fonctions", d'"atteinte à la personne du président de la République" et de "diffusion d'informations susceptibles d'attenter à l'ordre public", selon le CNLD. Le parquet avait demandé trois ans ferme. En Algérie, les peines de prison ne se cumulent pas et en cas de multiples condamnations, c'est la peine la plus lourde qui est retenue. La défense doit déposer une requête en ce sens après le jugement en appel. Amira Bouraoui a déjà purgé une courte peine de prison lors d'un autre procès avant de bénéficier d'une remise en liberté provisoire le 2 juillet 2020, en même temps que trois autres figures de l'opposition.
Opposante
Figure de l'opposition de l'ère Bouteflika, elle s'est fait connaître en 2014 comme une des leaders du mouvement Barakat ("Ça suffit!"), qui s'opposait au quatrième mandat de l'ex-président déchu. Elle a ensuite activement pris part au mouvement de protestation populaire du Hirak qui a éclaté en février 2019. Le Hirak, qui a poussé Abdelaziz Bouteflika à démissionner, réclame un changement radical du "système" politique en place depuis l'indépendance en 1962. La condamnation d'Amira Bouraoui intervient dans un contexte d'intensification de la répression contre des militants du Hirak, des opposants politiques et des journalistes à l'approche des élections convoquées par le pouvoir en juin.
Selon le CNLD, plus de 70 personnes sont actuellement incarcérées, poursuivies pour des faits en lien avec le Hirak et/ou les libertés individuelles.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.