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Au Malawi, être homosexuel, «c’est l’enfer sur terre»

Dans un rapport publié le 26 octobre 2018, l’organisation Human Rights Watch dénonce la violence et les discriminations systématiques dont sont victimes les LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres). L’étude se base sur les témoignages de dizaines de personnes dans le pays.
Article rédigé par Eléonore Abou Ez
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Deux hommes homosexuels avant leur comparution devant un tribunal à Blantyre (sud du Malawi) en janvier 2010 (ELDSON CHAGARA / REUTERS)

«Une fois je me promenais avec des amis et des gars ont crié : ''Hé, toi ! Tu es une personne gay et on doit te tuer". Ils ont jeté des pierres sur nous (…). Je suis allé au poste de police pour signaler l’agression, on m’a dit : "On n’aide pas les gays au Malawi"»

Le jeune homme, qui témoigne à visage couvert, fait partie des 45 personnes rencontrées par l’organisation HRW dans le cadre de l'étude sur la situation des personnes homosexuelles et transgenres. Elle a eu lieu dans deux grandes villes du pays, Lilongwe et Blantyre.

Rejeté par sa famille, il tente de vivre «en communauté», c’est-à-dire avec d’autres personnes homosexuelles pour éviter les problèmes, mais sa vie reste «un enfer».


 
Privés de soins à l’hôpital
Séropositif, le jeune homme ne prend aucun médicament. Il a renoncé au traitement depuis sa dernière visite dans un hôpital public où il la  tout de suite été repéré comme une personne gay. «Rentrez chez vous et revenez en tant qu'homme correct alors nous vous aiderons (…) Quand j’y suis retourné, ils m’ont dit : "Qu’est-ce qu’on vous a dit ? Vous devez marcher comme un homme et parler comme un homme"».

Son cas n’est pas une exception au Malawi. Dans de nombreux hôpitaux ou centres de santé, les stigmatisations sont systématiques et certains patients sont privés de soins en raison de leur apparence et de leur orientation sexuelle. Des hommes se sont vus refuser des tests de dépistage du HIV.
 
La loi en cause
Le Malawi fait partie des nombreux pays qui criminalisent encore l’homosexualité. Les relations entre personnes du même sexe sont passibles de 14 ans de prison pour les hommes et de cinq ans pour les femmes. Une condamnation, prononcée en 2010, avait suscité un tollé international obligeant le gouvernement de ce pays pauvre à faire marche arrière. Le Malawi s’est engagé à dépénaliser l’homosexualité et un moratoire avait été adopté en 2012 pour éviter des poursuites judiciaires aux personnes homosexuelles.  
 
Six ans plus tard, les arrestations arbitraires, les agressions, les discriminations continuent de plus belle.

«La loi pénalisant les relations homosexuelles contribue à donner l’impression que les personnes LGBT sont des proies faciles, qu’elles peuvent être attaquées sans aucune conséquence pour l’agresseur», explique Wendy Isaack, avocat et chercheur spécialisé dans les droits des personnes LGBT à Human Rights Watch.
 

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