Coronavirus au Ghana : les élèves reprennent le chemin de l'école après 10 mois d'interruption
Le président Nana Akufo-Addo a fait savoir qu'il n'hésiterait pas à rétablir un confinement partiel si la situation venait encore à se déteriorer.
Des millions d'enfants ghanéens ont repris le chemin de l'école lundi 18 janvier, après dix longs mois de fermeture pour lutter contre la propagation du coronavirus. Le Ghana avait imposé à sa population un confinement très strict le 16 mars 2020, deux semaines seulement après l'annonce du premier cas confirmé de Covid-19 en Afrique subsaharienne. Dans la capitale Accra, le confinement total a été levé en avril, mais des mesures préventives étaient toujours obligatoires, notamment la fermeture des écoles ou des frontières terrestres. Le jour de la rentrée, c'était le soulagement pour les élèves de la Christ Vision School, mais surtout pour les professeurs, au chômage forcé depuis presque un an.
"Il a été vraiment difficile pour moi de survivre. Je faisais chauffeur Uber les week-ends et j'aidais ma femme dans son petit magasin de vêtements, ce n'était vraiment pas facile"
Prince Asante, enseignantà l'AFP
Masques et "Zoom"
Les enfants portaient tous des masques alors qu'ils franchissaient les grilles de l'école, avec un petit flacon de gel hydroalcoolique accroché à leur cartable. "Je suis heureuse de revoir mes amis, mais j'ai peur qu'on ne puisse pas faire les choses comme avant", confie la petite Anita Gyampo, élève du primaire. "Je pense pas que l'école sera aussi drôle qu'avant..." Les plus grands de leur côté étaient surtout heureux d'en avoir fini avec les cours sur l'application Zoom et sur écran. "Ça ne fonctionnait pas... Il fallait parfois attendre vingt minutes sans rien entendre ou sans rien voir", se plaint Andrews Lomotey.
"Mes parents n'avaient pas d'argent pour acheter du crédit internet. Grâce à Dieu, on peut retourner en classe maintenant, même s'il faut faire attention"
Emefa Dzakpata, lycéenneà l'AFP
Les enfants pauvres plus affectés
Les écoles et les universités ont fermé dans de très nombreux pays du monde à travers l'année 2020, mais selon un rapport conjoint de l'Unesco, de l'Unicef et de la Banque mondiale, publié en octobre, les enfants des pays les plus pauvres, comme au Ghana, ont été très lourdement affectés par la pandémie. "Les élèves dans les pays à faible revenu, ou à revenu intermédiaire, étaient ceux qui avaient le moins de chances de pouvoir poursuivre leur scolarité à distance" et en revanche "le plus de chances que leur école ouvre avec du retard, ou sans mesure de protection", selon le rapport.
"Deuxième vague"
Au Ghana, où le nombre de cas de coronavirus a augmenté dernièrement, faisant craindre aux spécialistes de la santé l'imminence d'une deuxième vague, certains parents ont peur de renvoyer leurs enfants à l'école.
"Pourquoi reprendre l'école alors que l'augmentation des cas est alarmante ? S'il arrive quoi que ce soit à mes enfants, je ne le pardonnerai jamais au gouvernement"
Priscilla Koomson, mère de trois enfantsà l'AFP
"Je voulais les garder encore trois semaines à la maison pour voir comment les choses se passent mais finalement, je leur donne le bénéfice du doute", tempère-t-elle.
Au 18 janvier 2021 : + de 3 200 000 cas de #COVID19 en Afrique - avec + de 2 600 000 guérisons associées et 78 000 décès signalés.
— OMS Afrique (@OMS_Afrique) January 18, 2021
Consultez les chiffres par pays sur le tableau de bord COVID-19 de l'OMS pour la Région africaine: https://t.co/OLDIVVIePA pic.twitter.com/13QXE8zGrH
Jusqu'à ces dernières semaines, le Ghana enregistrait quotidiennement environ 100 nouveaux cas, mais désormais, les services de santé en recensent plusieurs centaines tous les jours. Si le pays comptait le 18 janvier environ 58 000 cas, pour plus de 340 morts depuis le début de la pandémie, le nombre de tests réalisés reste largement insuffisant. Le président Nana Akufo-Addo a d'ailleurs fait savoir qu'il n'hésiterait pas à rétablir un confinement partiel si la situation se détériorait encore.
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