Ghana : le président Nana Akufo-Addo réélu, mais l'opposition rejette les résultats d'un scrutin serré
Un demi-million de voix séparent le président sortant et son adverstaire, John Mahama
Un deuxième mandat pour Nana Akufo-Addo. Le président ghanéen a été réélu mercredi 9 décembre 2020 à l'issue d'un scrutin extrêmement serré, mais sa victoire est contestée par l'opposition qui dénonce une "attaque" à l'encontre de la démocratie.
Le chef de l'Etat, leader du Nouveau parti patriotique (NPP) a remporté 51,59% des voix contre 47,36% pour John Mahama, le candidat de l'opposition du Congrès national démocratique (NDC), a annoncé Jean Adukwei Mensa, présidente de la Commission électorale dans une vidéo diffusée en direct sur les réseaux sociaux. Seules 515 524 voix séparent le président Akufo-Addo de son prédécesseur John Mahama, devenu chef de l'opposition en 2016.
Thank you Ghana for voting 4More! #ThankYouGhana pic.twitter.com/DaWN7LnlRv
— Nana Akufo-Addo (@NAkufoAddo) December 9, 2020
(Merci le Ghana d'avoir voté pour 4 ans de plus)
Le NDC a aussitôt annoncé qu'il rejetait ce résultat. "Les preuves accablantes disponibles nous empêchent d'accepter cette conclusion fallacieuse et précipitée", a déclaré Haruna Iddrisu, un parlementaire du parti, tard mercredi 9 décembre lors d'une conférence de presse à Accra. "Nous avons l'intention de prendre des mesures décisives et tangibles, concernant à la fois les résultats de la présidentielle et des élections parlementaires, pour renverser cette attaque éhontée et impudente de notre démocratie", a poursuivi le député ghanéen.
A la veille de l'annonce des résultats, John Mahama avait prévenu qu'il "résisterait à toute tentative de vol du scrutin" alors que la rumeur selon laquelle il avait concédé la victoire circulait depuis plusieurs heures sur les réseaux sociaux.
"Nous résisterons à toute tentative de subversion de la volonté du peuple", pouvait-on lire dans un tweet publié dans la soirée du 8 décembre 2020 sur le compte officiel de John Mahama. Le message est accompagné d'une vidéo, dont il est difficile d'identifier la source, où l'on voit des civils faire face à des soldats armés et où l'on entend des balles crépiter.
We'll resist any attempts to subvert the will of the people. pic.twitter.com/c0W2EAsbfh
— John Dramani Mahama (@JDMahama) December 8, 2020
(Nous résisterons à toute tentative de subversion de la volonté du peuple)
Nana Akufo-Addo et John Mahama sont deux vieux adversaires politiques qui s'affrontaient pour la troisième fois, avec des résultats également serrés lors des scrutins précédents.
Les résultats de la présidentielle ont été annoncés 48 heures après la fin du vote lundi 7 décembre, où plus de 17 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes pour choisir entre douze candidats à la magistrature suprême. Le taux de participation de cette élection est de 79%, selon la Commission électorale.
"Pacte de paix" entaché
Cinq personnes ont été tuées dans les violences électorales depuis 7 décembre 2020, selon la police. Ce qui a entaché, selon les observateurs, un scrutin bien organisé. Hormis ces incidents, l'élection avait été de manière générale saluée comme un exemple en Afrique de l'Ouest, en proie cette année à plusieurs scrutins violents et contestés, notamment en Côte d'Ivoire voisine.
Toutefois, au lendemain du vote, l'entente cordiale entre les deux candidats qui ont signé un "pacte de paix" les engageant à ne cautionner aucune violence lors du vote et à la proclamation des résultats, s'était effritée et le ton s'était durci.
Le président Akufo-Addo a appelé à l'unité et à la paix au Ghana : "Le moment est venu, quelles que soient les affiliations politiques, de s'unir, de se donner la main et de se tenir côte à côte".
Les Ghanéens élisaient également le 7 décembre leurs 275 députés, mais les résultats de ces élections législatives n'ont pas encore été communiqués par la Commission. Les deux principaux camps contestent une partie des résultats provisoires. John Mahama a également assuré que son parti avait remporté la majorité au parlement, déclaration aussitôt démentie par le ministre de l'Information Kojo Oppong Nkrumah.
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