Côte d'Ivoire : accord avec un laboratoire suisse pour la fourniture de médicaments à prix réduits
Un premier accord entre les deux parties avait été signé en 2014.
La Côte d'Ivoire et le groupe pharmaceutique suisse Roche ont renouvelé, le 13 décembre 2019, un accord de partenariat sur cinq ans pour la fourniture à prix réduits de médicaments contre des maladies graves, notamment le cancer, a constaté un journaliste de l'AFP.
"Ce nouveau partenariat permettra à tous les patients ivoiriens atteints de cancer, d'hépatite B, d'anémie rénale chronique et d'hémophilie A d'avoir un accès gratuit et illimité aux médicaments Roche", selon le communiqué de presse du groupe, un des leaders mondiaux de la pharmacie et des biotechnologies.
L'accord a été signé à Abidjan par le ministre ivoirien de la Santé, Aka Aouélé, et le président du conseil d'administration de Roche, Christoph Franz. Il stipule que l'entreprise fournira pour 86 milliards de francs CFA (130 millions d'euros) sur cinq ans de médicaments, mais aussi de matériel de diagnostic et d'aide à la formation. Sur cette somme, l'Etat ivoirien ne paiera que 20 milliards de francs CFA (30 millions d'euros).
"Douze produits pharmaceutiques permettant de traiter 30 indications thérapeutiques seront inclus, contre cinq dans le précédent accord de 2014 à 2019", qui était le premier du genre signé par Roche en Afrique, a précisé le directeur de Roche pour l'Afrique subsaharienne francophone, Markus Gemuend.
Un centre de radiothérapie de pointe
Ce nouveau partenariat a été signé dans le centre national d'oncologie médicale et de radiologie Alassane Ouattara, qui a ouvert ses portes en janvier 2018 et est doté de technologies de pointe. Ce centre de radiothérapie, qui a coûté 13 milliards de francs CFA (19,81 millions d'euros), est "unique" en Afrique de l'Ouest, rapporte latribune.fr. Selon les autorités ivoiriennes, il a une capacité d'accueil de 160 à 200 personnes par jour. "Quoiqu'entièrement construit sur fonds propres ivoiriens, la mise sur pied du centre a été réalisée grâce à un partenariat ivoiro-marocain", précise le site.
En presque deux ans, ce centre, le premier en Côte d'Ivoire, a traité près de 2 500 patients, a indiqué sa directrice, Judith Didi-Kouko Coulibaly. Médecin oncologue, cette dernière a estimé "capital" l'accord avec le laboratoire suisse. "Cela change le pronostic de plusieurs cancers pour de nombreux patients", qui n'auraient pas les moyens de payer les millions de francs CFA que coûtent normalement ces traitements.
Le volet formation du précédent accord a permis à la Côte d'Ivoire de passer d'un effectif de quatre à quatorze oncologues, et quarante autres doivent être formés dans les cinq ans à venir avec le nouvel accord, a-t-elle souligné.
Il ne s'agit pas de faire "de la philantropie"
En 2018, le labo suisse, qui emploie 94 000 personnes dans le monde, a réalisé un chiffre d'affaires de 56,8 milliards de francs suisses (51,8 milliards d'euros) et investi 11 milliards de francs suisses en recherche et développement, selon ses propres chiffres. Pour lui, il ne s'agit pas, avec ce type d'accord, de faire de "la philanthropie", a expliqué à l'AFP Markus Gemuend.
Il s'agit de 'développer des nouveaux marchés, en aidant à la mise en place de systèmes de soins dans les pays en voie de développement', en visant une rentabilité à long terme
Le directeur de Roche pour l'Afrique subsaharienne francophone, Markus Gemuendà l'AFP
Des partenariats similaires sont en cours de développement dans une demi-douzaine d'autres pays africains, a précisé ce responsable.
"L'Afrique, eldorado des essais cliniques"
Le renouvellement de l'accord intervient alors que les laboratoires pharmaceutiques occidentaux ont souvent été accusés de "dérives" sur le continent africain. "Attirés par la faiblesse des coûts et des contrôles, (ils) testent leurs produits en Afrique, au mépris de la sécurité des patients", rapportait ainsi Le Monde Diplomatique en 2005.
Le continent est "l'eldorado des essais cliniques", expliquait en 2016 le site de la BNDS (Bibliothèque numérique de droit de la santé et d'éthique médicale). "Soucieuses de s'investir dans des actions génératrices de profit, les firmes délaissent fréquemment la recherche destinée à trouver un remède contre les maladies tropicales africaines. Ce constat est aggravé par l'institution du brevet pharmaceutique, rempart à l'accès aux médicaments essentiels et au développement des génériques, malgré la possibilité d'octroyer des licences obligatoires", ajoutait cette source. Ces licences obligatoires "autorisent un tiers à fabriquer le produit breveté sans le consentement du titulaire du brevet", selon un rapport du Sénat français.
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